Une première tranche du chantier des Nouveaux Offices, dont l’achèvement est prévu d’ici l’an 2000, vient d’être livrée. Conformément à l’esprit du projet, les parties qui ont été ouvertes au public le 16 décembre concernent essentiellement des espaces de services, d’accueil et de circulation des visiteurs. Mais les Florentins apprécieront sûrement plus encore l’inauguration très attendue des salles de la collection Contini Bonacossi, dont l’hébergement provisoire au Palais Pitti durait depuis vingt-neuf ans.
FLORENCE (de notre correspondante) - Fini le parcours du combattant pour le visiteur des Offices, et place à un itinéraire plus logique qui s’articule au rez-de-chaussée autour des principaux services – billetterie, vestiaire, librairie, point de location des audioguides et bibliothèque – avant de monter vers les salles d’exposition et les collections permanentes. À terme, les nouveaux espaces d’accueil s’enrichiront d’une sortie donnant sur la piazza Castellani, qui évitera l’actuelle bousculade à l’unique porte d’accès, côté piazza della Signoria.
Pour l’inauguration de cette première tranche du chantier, le public peut d’ailleurs découvrir les propositions des six architectes invités à participer au concours international pour la conception de cette nouvelle sortie : Gae Aulenti, Mario Botta, Vittorio Gregotti, Arata Isozaki, Hans Hollein et Norman Foster. L’autre partie des travaux, entièrement financés par les 9,5 milliards du Loto, concerne la loggia néoclassique qui surplombe l’Arno. Elle rouvrira au public après une longue fermeture pour restauration.
Mais le grand événement muséologique est l’inauguration de dix salles dans l’annexe adjacente de la via Lambertasca. La collection Contini Bonacossi y trouve enfin un espace d’exposition permanent, accessible sans réservation, contrairement à l’installation “provisoire” dans la Méridienne du Palazzo Pitti.
L’histoire du legs Contini Bonacossi est complexe et riche en rebondissements. Le comte Alessandro Contini Bonacossi avait exprimé devant ses fils le souhait de donner sa collection à sa ville, Florence, mais sans préciser ses volontés testamentaires par un acte notarial valable. À sa mort, en 1955, une série de questions de droit se sont donc posées. D’une part, la loi italienne interdit de déposséder les héritiers légaux de plus d’un tiers du patrimoine à transmettre ; d’autre part, la collection ayant été constituée récemment, il lui manquait ce caractère “d’ensemble de tradition ancienne” qui, par l’article 5 de la loi 1089, peut autoriser l’État à accorder un traitement global à l’héritage. Pour couronner le tout, beaucoup de pièces de la collection se trouvaient en Italie sous la qualification d’importations temporaires et étaient donc librement réexportables.
Pour résoudre ces problèmes, l’État a sélectionné un lot d’œuvres, en échange – selon des rumeurs – d’autorisations de sortie du territoire et de commercialisation pour quelque 85 tableaux et 20 sculptures. Lorsque l’exténuante procédure légale s’est achevée, en 1969, l’État avait obtenu 144 pièces : 35 peintures, 12 sculptures, 48 majoliques, 11 grands Della Robbia et 38 meubles. Il était parvenu à combler les manques des musées florentins dans le domaine de l’art ancien italien – avec, notamment, une Maestá attribuée à Cimabue, un somptueux polyptyque d’Agnolo Gaddi, un retable de Sassetta, trois tableaux de Tintoret, un Véronèse et un Bernin –, tout en conservant un petit noyau de chefs-d’œuvre espagnols, de Greco, Zurbarán, Vélasquez et Goya.
L’ensemble Contini Bonacossi fut alors exposé dans la Méridienne du Palazzo Pitti, à titre “temporaire”... Vingt-neuf ans plus tard, ces chefs-d’œuvre ont enfin trouvé leur place.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les Offices s’agrandissent
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°73 du 18 décembre 1998, avec le titre suivant : Les Offices s’agrandissent