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Les explications et rectifications des musées parisiens concernés

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 18 septembre 2024 - 524 mots

Depuis la parution de la tribune dans le journal « Le Monde », le Musée du quai Branly-Jacques Chirac et le Musée Guimet ont répondu aux critiques sans dissiper l’impression de flou..

Paris. Accusé par le collectif de chercheurs signataires de la tribune d’employer un terme imposé par la Chine dans les notices des pièces tibétaines de ses collections, le Musée du quai Branly avance une cause technique liée au logiciel de gestion des collections, TMS (The Museum System). Contacté par le Journal des Arts, le musée explique que le logiciel « compile toutes les appellations géographiques d’une région, de toutes les époques et dans toutes langues », y compris en chinois dans le cas présent, uniquement pour la gestion des collections en interne. Cette compilation multilingue est effectivement un des atouts du logiciel selon son fabricant Gallery Systems. Les incohérences relevées par les chercheurs dans les provenances des pièces tibétaines indexées dans le thésaurus en ligne viendraient d’un « problème d’interface » qui affiche donc toutes les appellations dans les notices disponibles en ligne au lieu de les filtrer. Le musée assure que ce problème est en cours de résolution depuis plusieurs semaines. On peut s’interroger sur l’absence de paramétrages spécifiques à l’origine, et sur l’absence de correction en amont de notices parfois très anciennes. Katia Buffetrille rappelle que, d’après une source anonyme ayant travaillé au Musée du quai Branly, l’appellation « Xizang » figurait déjà sur les notices en 2018 : le problème n’est donc pas récent. Depuis début septembre, la majorité des notices des pièces tibétaines ne contient plus le mot « région autonome du Xizang », le musée a donc visiblement corrigé le problème technique. Il affirme enfin n’avoir subi aucune pression de la Chine concernant le Tibet.

Une salle du Musée Guimet rebaptisée

Au Musée Guimet-Musée national des arts asiatiques, les critiques visent le changement de nom de la salle auparavant dénommée « Népal-Tibet » et rebaptisée en février 2024 « Monde himalayen ». Le Musée Guimet confirme au Journal des Arts qu’il y a bien eu changement de nom, à la suite d’une réflexion « engagée par Yannick Lintz [sa présidente] depuis 2022 sur la cohérence du parcours au sein du musée ». Cette nouvelle terminologie intervient « dans le cadre d’une approche par aires culturelles désormais adoptée par le musée ». Les salles consacrées à l’Inde seront ainsi bientôt renommées « Monde indien ». Le musée insiste dans sa réponse sur l’usage du mot « Tibet » dans les cartels. Une visite sur place montre cependant des incohérences dans l’usage de ce terme. La distinction entre pièces népalaises et pièces tibétaines n’est pas opérée dans le parcours et l’aire culturelle « himalayenne » n’est d’ailleurs pas définie dans les textes de salle. La focalisation sur l’aire culturelle semble occulter le contexte historique, qui est peu présent en dehors de l’histoire du bouddhisme. Si le musée se défend de toute influence extérieure, difficile de ne pas soupçonner des pressions diplomatiques, dans le contexte de l’« Année franco-chinoise du tourisme culturel » qui se déroule jusqu’à début 2025 et que le musée a préparée de longue date avec des institutions chinoises. On note au passage que de nombreux textes de salles dans les expositions et les collections sont désormais rédigés en français, anglais… et chinois.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°639 du 20 septembre 2024, avec le titre suivant : Les explications et rectifications des musées parisiens concernés

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