PARIS [02.06.15] - L’ICOM a publié hier sa liste rouge des biens culturels venant d’Irak ou de Syrie en danger. Les américains semblent plus avancés que la France dans la répression de ce trafic sur le marché de l’art. Fleur Pellerin n’a fait qu’une brève apparition à la conférence.
« Don’t buy, don't buy and don’t sell », le message délivré lundi 1er juin par Richard Stengel au Louvre était sans ambiguïté. Ancien journaliste (il a notamment dirigé le Time pendant sept ans), ce diplomate américain est aujourd’hui Secrétaire d’Etat au ministère des affaires étrangères, en charge de la culture. Il est venu à Paris pour participer à la réunion intergouvernementale sur la lutte contre l’Etat Islamique, avec un volet consacré aux moyens de protection du patrimoine culturel ouvert à l’initiative de l’UNESCO.
Il était au Louvre pour saluer la publication d’une liste rouge du Conseil international des musées (ICOM) des pièces du patrimoine irakien en péril. « N’achetez pas, n’achetez pas et ne revendez pas de pièces venues d’Irak ou de Syrie, si vous ne voulez pas financer les décapitations conduites au Moyen Orient », a-t-il lancé devant une salle comble de journalistes français et américains. Il a dans le même temps admis que « personne n’avait idée du montant des financements collectés par l’Etat Islamique à travers le trafic archéologique », auquel il se livre parallèlement aux destructions spectaculaires de monuments filmés dans ses vidéos de propagande.
A l’instar de pays victimes du pillage comme le Pérou ou le Mali, les Etats-Unis ont interdit toute importation de pièces venues d’Irak et placé leur commerce sous haute surveillance. La même procédure est en cours d’adoption par le Congrès pour les objets venus de Syrie. « Plusieurs milliers d’oeuvres ont déjà été saisies », a confié au Journal des Arts Maria Kouroupas, qui suit ce dossier à Washington.
Pour l’UNESCO, Irina Bokova a de nouveau appelé les pays du marché de l’art à imposer un embargo sur les ventes d’oeuvres venues d’Irak sur la base de la récente résolution 2199 du Conseil de sécurité de l’ONU. La France ne s’est cependant pas résignée à imposer un moratoire de la vente de pièces mésopotamiennes, « pour ne pas empêcher le marché de l’art » de fonctionner, a expliqué Jean-Luc Martinez, président du Louvre, tout en soulignant que ces oeuvres pouvaient aussi provenir d’autres pays comme l’Iran non soumis à l’embargo. Il revenait à l’hôte de cette conférence de défendre la position de la France puisque, toujours aussi désinvolte, la ministre de la Culture Fleur Pellerin s’est contentée d’une apparition éclair. Venue en voisine, la dernière arrivée, elle a été la seule à s’éclipser au milieu de la conférence de presse.
La liste rouge des biens culturels en péril, dont l’élaboration a été financée par les Etats-Unis, tient dans un dépliant de huit pages qui définit en réalité huit catégories d’objets à surveiller particulièrement. Outre les statues et éléments architectoniques, elle compte les tablettes cunéiformes, les sceaux, les récipients, les bijoux, les armes et les monnaies. Elle est la révision d’une liste rouge déjà établie en 2003, qui a notamment permis la saisie de 8 pièces mises en vente sur eBay par l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC). En tout, l’ICOM a publié 25 listes rouges de pays victimes d’un pillage intense, qui ont notamment contribué à la confiscation de 1 500 oeuvres afghanes à l’aéroport de Londres Heathrow.
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Les Etats tentent de s’organiser pour lutter contre les exactions de l’Etat Islamique dans le domaine culturel
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Abonnez-vous dès 1 €La pyramide du Louvre au centre de la cour Napoléon © Photo Paris 16 - 2010 - Licence CC BY-SA 3.0