LYON
Lancé il y a dix ans, le futur musée des sciences et de société va enfin pouvoir démarrer son chantier.
LYON - « Je pars serein. Les problèmes de chantiers sont enfin résolus, le programme muséographique est solide avec des expositions bouclées pour les prochaines années. Et je ne pouvais pas refuser la proposition qui m’a été faite. » Après plus de dix ans de bons et loyaux services rendus au Département du Rhône afin de mettre sur pied le futur « Musée des Confluences », Michel Côté quitte l’établissement pour rejoindre le Musée de la civilisation à Québec, où il avait déjà travaillé douze ans avant de partir en France. Il prendra la tête de l’institution canadienne à partir du 1er août et quittera Lyon dès la fin du mois de juin. « Pour mon remplacement, il faudrait ouvrir la candidature à toute l’Europe », suggère-t-il, conscient que pareille initiative est peu courante en France.
C’est en 1999 que Michel Côté a été désigné par le conseil général pour poser les fondements d’un musée pluridisciplinaire de sciences et de société, se substituant à l’ancien Muséum d’histoire naturelle lyonnais, dans le cadre d’un vaste plan d’urbanisme au confluent du Rhône et de la Saône. En 2001, les architectes autrichiens Coop HimmelB(l)au sont retenus pour leur « Cristal-nuage », placé comme en lévitation sur la pointe de la presqu’île lyonnaise, un geste architectural spectaculaire particulièrement complexe à réaliser. Les ennuis commencent alors.
En 2005, l’entreprise chargée de réaliser les travaux jette l’éponge devant l’impossibilité de concevoir des plans conformes aux exigences des assurances. Après des années d’atermoiements, Vinci remporte l’appel d’offres en janvier 2010 pour reprendre cette entreprise colossale. Entre-temps, les prix se sont envolés et le coût du projet est passé de 60 millions à 220 millions d’euros. Le chantier devrait réellement démarrer à l’automne pour une inauguration prévue début 2014. Une catastrophe pour ce musée qui devait initialement ouvrir en 2004, bien avant le Musée du quai Branly, à Paris, qui occupe désormais la place d’un « musée des cultures du monde », ouvert à toutes les formes de créations, anciennes et contemporaines.
Le Musée des Confluences parviendra-t-il à rattraper son retard et à s’inscrire dans le paysage lyonnais, alors que la municipalité n’a pas caché son scepticisme face à cet ovni architectural, en rupture avec le reste de la ville ? Comment, en outre, faire face au départ de son concepteur, considéré comme l’âme du musée ? « Je n’étais pas tout seul ! Les équipes des Confluences sont largement prêtes à continuer sans moi », proteste Michel Côté, ajoutant qu’il s’est engagé à garder un œil sur l’institution jusqu’à son ouverture.
Si les travaux ont pris un retard considérable, le projet muséographique, lui, est bouclé depuis belle lurette. Près de 3 000 mètres carrés d’exposition dite « de synthèse et de réflexion », ou parcours permanent évolutif, et 3 400 mètres carrés d’« espaces de déclinaison », présentant six expositions par an, permettront d’aborder des sujets de société, de sciences « exactes » et sciences humaines, et ce afin d’accueillir entre 400 000 et 500 000 visiteurs par an.
Expositions hors les murs
Outre l’ouverture du très performant Centre de conservation et d’étude des collections des Confluences en novembre 2002, les années écoulées n’ont pas été perdues pour le musée. Celui-ci a pu enrichir de manière significative ses collections, particulièrement dans le domaine de la création contemporaine, des peuples inuit et aborigènes, sans oublier le fonds d’art africain.
Autre point fort de la collection, l’ensemble de photographies anciennes, qui sera prolongé par des travaux récents. Le Musée des Confluences a ainsi lancé la manifestation « Passages, Afriques et créations », programmée jusqu’au 24 juillet (lire aussi p. 34). Consacrée à la photographie africaine, elle donne lieu à des résidences de photographes (dont les instantanés iront rejoindre le fonds du musée) et nombre d’expositions.
On y relève la présence de Malick Sidibé, artiste de référence dans le domaine ; Uche Okpa Iroha, Zanele Muholi et Baudouin Mouanda, tous trois distingués à la Biennale 2009 de Bamako ; ou encore Sammy Baloji et François-Xavier Gbré… Faute d’édifice, le musée a multiplié les expositions hors les murs ces dernières années. Il vient d’inaugurer la manifestation « Patrimoine en Finistère », avec un premier chapitre consacré aux Inuits et aborigènes à l’abbaye de Daoulas. Et, pour le Musée de Saint-Romain-en-Gal (Vienne), il a préparé une exposition sur les rapports que les civilisations entretiennent avec la mort, autour des rituels funéraires et croyances en l’Au-delà (jusqu’au 14 novembre), avant une collaboration prochaine avec le Musée des tissus à Lyon. Michel Côté concocte encore une exposition autour de « L’art et la machine » et une autre en collaboration avec le Muséum d’histoire naturelle de New York. Il espère aussi développer les partenariats avec le Musée de la civilisation de Québec.
Quant à l’ancien Muséum d’histoire naturelle, installé au 28, boulevard des Belges dans un bâtiment XIXe siècle, son avenir demeure incertain. Fermé depuis 2007, propriété du Département, il pourrait être rendu à la ville, abriter une salle de spectacle, un collège, voire un lieu dédié à la robotisation. Seule certitude, sa restauration coûtera la bagatelle de 20 millions d’euros.
Coût des travaux : 220 millions d’euros
Budget de fonctionnement annuel estimé : 15 millions d’euros
Date prévisionnelle d’ouverture : fin 2013-début 2014
Surface d’exposition : 6 400 m2
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Les Confluences bougent
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°326 du 28 mai 2010, avec le titre suivant : Les Confluences bougent