Ce nouveau musée départemental du Rhône ouvrira en 2009 dans un bâtiment signé Coop Himmelb(l)au. Il croisera sciences, techniques et ethnologie sous un concept nouveau
LYON - « On a beaucoup parlé de l’architecture du bâtiment, il est temps désormais de faire connaître le musée pour son projet culturel et scientifique. » C’est ainsi que Michel Côté, actuel directeur du Muséum de Lyon et chargé de la mutation de cette institution en Musée des Confluences, a introduit la présentation de ce projet qu’il mène depuis son arrivée du Québec en 1999. Chargé depuis 1991 de la gestion du Muséum, une prestigieuse institution scientifique créée notamment par Émile Guimet, le conseil général du Rhône s’est en effet rapidement trouvé face à un dilemme. Le bâtiment historique du Muséum, avec ses larges galeries dévolues à la présentation des collections de sciences de la vie, sciences de la Terre et sciences humaines, requérait en effet d’urgents travaux de mise en sécurité et de rénovation. Face au montant de l’addition (près de 15 millions d’euros), les conseillers généraux se sont interrogés sur l’opportunité d’une construction neuve.
Et en 2000, c’est dans cette voie nettement plus onéreuse – près de 150 millions d’euros – que s’est engagé le département. En 2001, un concours d’architecture désignait l’agence autrichienne Coop Himmelb(l)au pour la réalisation d’un vaste complexe sur un site à la confluence de la Saône et du Rhône, site jusque-là occupé par un boulodrome. Connus pour leur architecture déconstruite, Wolf D. Prix et Helmut Swiczinsky ont opté pour un « cristal-nuage », un bâtiment aux formes déjà datées avant même d’être construit.
Alors que la pose de la première pierre devrait avoir lieu dans le courant du mois de juin pour une ouverture prévue désormais en 2009, l’équipe continue de s’affairer en toute discrétion autour du contenu scientifique. Depuis 2002, l’ensemble des collections est en cours de traitement et d’étude dans un bâtiment de 3 300 mètres carrés, spécialement aménagé à cet effet : le Centre de conservation et d’étude des collections du musée, comprenant réserves, ateliers de préparation et salles de consultation pour les chercheurs. En devenant « Musée des Confluences », l’ancien Muséum doit en effet opérer une mutation scientifique significative, le projet politique du département prévoyant d’élargir la thématique aux sciences et techniques. Grâce à un confortable budget d’acquisition annuel s’élevant à 800 000 euros, les collections ont donc été renforcées dans ce sens et le propos a parfois été revu, notamment en ce qui concerne les collections historiques d’ethnographie.
« Celles-ci avaient une image très coloniale, explique Michel Côté en présentant ses cinq dernières années d’acquisitions. Nous avons donc mené un énorme travail auprès des communautés autochtones afin d’actualiser les problématiques. » Par ailleurs, il aura aussi fallu élargir la géographie pour combler les lacunes. Le musée permettra ainsi de se confronter aux cultures d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, présentées par leurs productions artisanales, mais aussi par des créations artistiques contemporaines.
Dialogue entre météorites, insectes et instruments
Tout en privilégiant les fonctions de recherche de l’établissement, Michel Côté s’est soucié d’acquérir ses « Joconde », des pièces phares qui viendront jalonner le parcours d’exposition. L’ensemble se présentera dans le cadre de trois expositions de « synthèse et de référence », une présentation évolutive articulée autour d’autant de questionnements : « D’où venons-nous ? (origines et devenirs) », « Qui sommes-nous ? (rapports de l’homme à son environnement) » et enfin « Que faisons-nous ? (créer, innover, vivre ensemble et échanger) ». Des « expositions de déclinaison » viendront enfin approfondir ou compléter certains de ces axes. Toute la difficulté du projet consistait en effet à appréhender les collections de manière thématique, en croisant des disciplines organisées jusque-là en départements distincts. Désormais, les objets ethnographiques dialogueront avec les fragments de météorites, les collections d’insectes ou les instruments techniques. Professionnels des sciences naturelles ou de la Terre et ethnographes ont donc longuement débattu pour affiner ce projet porté par Michel Côté, qui fut l’un des créateurs du Musée des civilisations de Québec, établissement considéré comme un précurseurs en matière d’ethnographie.
Le propos du Musée des Confluences constitue un vrai pari : celui de proposer une voie nouvelle aux muséums scientifiques, en s’ouvrant sur les questions de société et sur une approche pluridisciplinaire des cultures. Ceci, loin de la muséographie surannée – mais ô combien réussie – du Muséum d’histoire naturelle de Paris, mais aussi de l’approche « beaux-arts » des cultures extra-occidentales vers laquelle s’est orienté le Musée du quai Branly.
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Le futur Musée des Confluences se précise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°239 du 9 juin 2006, avec le titre suivant : Le futur Musée des Confluences se précise