GAND / BELGIQUE
Le Musée des beaux-arts de Gand, déjà riche d’une dizaine d’œuvres de Léon Spilliaert, s’enrichit d’une pièce maîtresse de l’artiste belge acquise en vente publique à Paris.
La Fondation du roi Baudouin
En 1987, la Fondation créa un fonds du patrimoine visant à la conservation et à la protection du patrimoine belge. Elle jouait déjà ainsi son rôle en acquérant, en 1991, le Portrait de Marguerite de Fernand Khnopff et, en 2008, celui du Petit Charles d’Henri Evenepoel. La Buveuse d’absinthe s’inscrit dans cette suite de chefs-d’œuvre que la fondation met à la portée de tous en les déposant dans les musées belges.
L’Absinthe
En 1907, à Paris, la ligue antialcoolique manifeste au cri de « Tous pour le vin, contre l’absinthe ». La boisson est interdite en France l’année suivante pour ses effets néfastes, ceux décrits par Zola dans L’Assommoir. L’ébriété qu’elle procure inspire nombre d’artistes comme Van Gogh, lui-même ensorcelé par la « fée verte ». Le thème de la femme abrutie devant son verre d’absinthe connut de nombreuses déclinaisons depuis le prototype de Degas en 1876. Après Manet, Lautrec et Picasso, Spilliaert s’attaque au sujet tragique de la femme droguée. Tout le pouvoir hallucinogène de l’absinthe transparaît dans les yeux du modèle qui se retient de vaciller. L’expressionnisme de Spilliaert évoque ici celui de Munch ou d’Ensor.
483 000 €
Le 6 mars dernier, à Paris, Christie’s réalisait un joli coup en battant un record mondial pour une œuvre de Spilliaert acquise par la Fondation du roi Baudouin pour être déposée au Musée des beaux-arts de Gand.
1907
Spilliaert dessine sa Buveuse dans le style des autoportraits tourmentés qu’il réalise à la même période, à l’image de celui conservé au Musée de Gand près duquel il sera présenté en 2016 dans le cadre d’une exposition dossier.
Spilliaert
Après un bref passage à l’Académie des beaux-arts de Bruges, c’est en autodidacte que Léon Spilliaert, né en 1881, se forme à Ostende, sa ville natale. D’emblée, il excelle dans le dessin à l’aquarelle et à l’encre de Chine. Son premier séjour à Paris date de 1904. Il y découvre les lithographies de Redon dont il emprunte la profondeur des noirs qui deviendra, en la nimbant de mystère, sa marque. Au terme d’une carrière solitaire, Spilliaert s’éteint à Bruxelles en 1946. Son œuvre oublié renaît dans les années 1980 à la faveur du renouveau des études sur le symbolisme et des grandes expositions qui l’accompagna.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Léon Spilliaert - La Buveuse d’absinthe
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Léon Spilliaert, La Buveuse d'absinthe, 1907, oeuvre sur papier, 15 x 77cm, Gand, Musée des beaux-arts © Sotheby's
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°682 du 1 septembre 2015, avec le titre suivant : Léon Spilliaert - La Buveuse d’absinthe