MULHOUSE
Après une année 2018 mouvementée pour le musée, Pascal Bangratz démissionne, faute du soutien des collectivités locales.
En janvier dernier, Le Journal des Arts titrait sur une possibilité d’embellie au Musée de l’impression sur étoffes de Mulhouse (MISE) : après l’affaire des vols, et le décès tragique de son directeur, le musée offrait un visage financier serein. Six mois plus tard, la situation a changé, provoquant la démission du président, Pascal Bangratz. « Depuis le début de l’année, ça traîne... » déplore-t-il, pour expliquer ce revirement. Par « ça », il faut comprendre les financements des collectivités locales qui restent depuis le début de l’année en suspens.
Sur les 900 000 € de budget annuel, le MISE compte sur un financement extérieur pour au moins 450 000 €. La moitié est assurée par le mécénat privé, et l’autre par le financement des collectivités locales : l’agglomération de Mulhouse (M2A) et dans une moindre mesure le département du Haut-Rhin.
Les recettes commerciales du musée sont importantes, grâce à la boutique, au SUD (Service d’utilisation des documents), qui vend les droits d’utilisation des motifs conservés dans la collection à des industriels, mais aussi grâce à la location ponctuelle des lieux aux industriels mulhousiens du textile, pour des réceptions.
Le musée reste toutefois dépendant des subventions locales, que l’agglomération rechigne, depuis cette année, à verser. Selon le président démissionnaire et la presse locale, l’agglomération souhaiterait remettre en cause la gouvernance du MISE, qui est à moitié géré par la Société des Industriels de Mulhouse (SIM), qui possède et met à disposition la collection conservée au musée.
En filigrane, se profilerait une manœuvre de la métropole pour reprendre la gestion du musée, dont la lettre des employés du MISE qui dénonçait la passivité de leur président aurait été le premier acte. Selon Pascal Bangratz, un complot ourdi par « un noyau dur à la Mairie, qui a ses relais au conseil d’administration, et qui souhaite prendre le contrôle du MISE ».
Autre grief du président, l’agglomération aurait fait obstacle à l’embauche d’un nouveau conservateur, qui n’en a plus depuis 2014. Après avoir trouvé un candidat expérimenté, acceptant d’être embauché par le musée privé et perdant donc le statut de fonctionnaire, les financements pour le poste ont été finalement refusés par les collectivités.
Vendredi dernier, Pascal Bangratz présentait un plan stratégique, allant selon lui dans le sens de l’audit commandé récemment par l’agglomération, qui prévoyait « un redéploiement commercial et partenarial afin de soulager l’effort financier des collectivités territoriales ». Rejeté par une partie du CA, ce plan n’avait pourtant rien d’insurmontable pour Pascal Bangratz, « il aurait suffi que l’agglomération contracte un prêt de 125 000€ », regrette-t-il.
Une dernière réunion du CA lundi soir l’a décidé à démissionner : une moitié soutenait la mise en place d’un plan de sauvegarde, l’autre le rejetait. Constatant le statu quo (le vote se fait au 2/3), le président de l’association du MISE a préféré se retirer.
Du côté de l’agglomération, selon la presse locale, on affiche la crainte de voir la SIM transformer le Musée en une entreprise commerciale, notamment depuis l’arrivée de Christian Lehr, fondateur d’une entreprise de service à la personne, au poste d’administrateur. Une accusation « farfelue » pour Pascal Bangratz. Christine Dhallenne, chargée de la culture à la M2A et représentante de l’agglomération au CA, assurera l’intérim après cette démission, en sa qualité de vice-présidente. L’Agglomération de Mulhouse n’a pas répondu pour l’instant à nos sollicitations. .
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Le président du Musée de l’impression sur étoffes de Mulhouse démissionne
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