PARIS
Une analyse technique indique que le portrait installé dans l’ambassade américaine en France est de la main de Charles Peale.
Pendant des années, le grand portrait de George Washington, accroché depuis longtemps dans la résidence parisienne de l'ambassadeur des États-Unis en France, a suscité le scepticisme. La mécène qui avait transmis le portrait au gouvernement américain en 1989 prétendait que l'œuvre Washington à Princeton avait été peinte par Charles Willson Peale (1741-1827), mais elle disposait de peu de documents pour étayer cette affirmation, selon le Bureau du patrimoine culturel américain.
Le tableau est un portrait du premier président des États-Unis après la bataille de Princeton. Charles Peale a peint de nombreuses versions de son original de 1779, à une époque où une image de Georges Washington était considérée comme essentielle à la construction de la souveraineté de la nouvelle nation. Plusieurs experts ont émis des doutes sur le tableau, à cause de surpeints et de l'aspect « pâteux » du visage. « Il ne ressemblait à aucun autre portrait de la série », a déclaré au New York Times Lauren Hall, conservatrice au Bureau du patrimoine culturel. Jusqu'en 2022, le tableau était seulement présenté comme « attribué » à Peale. Une étude scientifique sur les matériaux de la peinture, le regard de plusieurs autres experts et davantage de preuves historiques permettent aujourd’hui aux experts de déclarer que le portrait est un « vrai » Peale.
Ce portrait était en route pour les Pays-Bas en 1780, un cadeau diplomatique destiné à leurs dirigeants, lorsque le navire qui le transportait a été capturé par la marine britannique. À cette époque, Peale, qui avait servi au combat dans la milice de Pennsylvanie, avait déjà peint Washington d'après nature dans les années 1770 et 1780. Il le refera en 1795, lorsque Washington était président, pour pas moins de sept portraits originaux. Le portrait original de Washington à Princeton, datant de 1779, se trouve aujourd'hui à l'Académie des beaux-arts de Pennsylvanie, à Philadelphie.
Les conclusions des experts, annoncées pour la date anniversaire de Washington le 22 février (jour férié appelé Presidents' Day) et détaillées dans une vidéo, sont le fruit d'une enquête qui a débuté en 2016. L'ambassade des États-Unis à Paris, pensant que le portrait avait besoin d'être restauré, a fait appel à Lauren Hall, dans ce qui était alors le tout nouveau bureau du patrimoine culturel du gouvernement. Une analyse poussée a révélé des marques sur le tableau, dont certaines semblaient avoir été recouvertes de peinture autour du visage. Mais pour les experts, c'était logique. Le tableau du héros militaire avait été saisi par les britanniques et s'était retrouvé dans le pays qu'il avait vaincu. Il se peut qu'il ait été endommagé volontairement, peut-être immédiatement après sa saisie.
L'analyse du tableau a conduit Lauren Hall et son équipe à Paris, où avec l'aide de spécialistes du Louvre, ils ont déterminé que, mis à part les repeints, les coups de pinceau et le caractère de la peinture utilisée étaient conformes aux œuvres connues de Peale.
Le gouvernement américain n'a pas fixé de valeur au tableau, qui est généralement accroché dans le salon Louis XVI de la résidence de l’ambassade. Lorsqu'il a été évalué par Sotheby's en 2000 - et qu'il n'était pas encore totalement reconnu comme un Peale - la maison de ventes avait estimé sa valeur à 1,2 million de dollars. Une autre des rares copies proches a été vendue aux enchères à New York en 2006 à un collectionneur privé américain pour 21,3 millions de dollars, ce que Christie's a alors qualifié de record pour un portrait américain.
Pour l'instant, le tableau va faire l'objet de travaux de restauration qui viseront notamment à enlever le surpeint sur le visage et seront probablement effectués en France, a précisé le Bureau du patrimoine culturel.
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Le portrait de George Washington à Paris est bien de Peale
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