Espagne - Musée

Le musée San Isidoro triple sa surface

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · Le Journal des Arts

Le 14 juin 2024 - 748 mots

Après huit ans de travaux, le musée d’art roman espagnol propose un nouveau parcours de visite donnant à voir des objets médiévaux.

Musée San Isidoro de León. © Frade Arquitectos / Pablo Gómez Ogando
Musée San Isidoro de León.
© Frade Arquitectos / Pablo Gómez Ogando

León (Castille-et-León, Espagne). Commencés en 2016, les travaux de restauration du Musée de la basilique collégiale royale Saint-Isidore de León sont enfin terminés. Situé sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, l’édifice compte de nombreux joyaux de l’art roman, en particulier les fresques murales et les plafonds de son panthéon royal, surnommé « la chapelle Sixtine de l’art roman ».

Accolé à la basilique de Saint-Isidore datée du Xe siècle, le musée est passé d’une superficie de 1 200 m2 à 3 200 m2, réaffirmant sa place de premier ordre parmi les architectures romanes européennes. Il se structure en trois parties : le palais des rois de León, construit entre les XIe et XIIIe siècles ; l’aile défensive, avec les murailles romaines et la tour de défense du palais ; les salles du monastère fondé en 910 telles que le réfectoire, la cuisine et le cellier. Trois millions d’euros ont été investis dans le chantier de cette réhabilitation, financés par la Fondation Montemadrid et le gouvernement de Castille-et-León.

Les travaux de rénovation du complexe ont été dirigés par le cabinet d’architectes Frade, coutumier des musées, qui avait déjà fait ses preuves en œuvrant pour le Musée d’art abstrait de Cuenca (Espagne) et le Musée des arts de l’Islam de Fès (Maroc). « Le chantier a réservé de belles surprises, en particulier une porte avec grand arc qui est devenue la nouvelle porte d’entrée du musée », explique l’architecte Juan Pablo Rodríguez Frade, lauréat du Prix national de restauration en 1995 pour la réhabilitation du Musée de l’Alhambra (Grenade). La mise aux normes muséales a nécessité la création de nouvelles circulations adaptées aux personnes en situation de handicap et d’un nouveau hall de réception. « Nous avons ajouté un ascenseur et un nouvel escalier, ainsi que des espaces conçus avec des matériaux du XXIe siècle, en veillant à respecter l’atmosphère de l’édifice ancien », indique l’architecte.

Salle présentant des objets chrétiens d'époque médiévale. © Fundación Montemadrid / Javier Casares, 2024
Salle présentant des objets chrétiens d'époque médiévale.
© Fundación Montemadrid / Javier Casares, 2024.
Trésor des rois de León

La collection du Musée de la collégiale royale de Saint-Isidore est exposée selon une nouvelle scénographie conçue par le professeur émérite d’histoire de l’art médiéval de l’Université autonome de Madrid (UAM) Isidro Bango. Celui-ci s’est appuyé sur l’histoire de la collégiale et les tendances qui l’ont façonnée au fil du temps, avec un accent particulier mis sur le Moyen Âge. La collection abrite plus de cinq cents pièces, principalement médiévales, tels des objets liturgiques, des tissus, des sculptures et des documents historiques, certains montrés pour la première fois, à l’instar de la bannière royale de saint Isidore (dite bannière « de Baeza ») et du trousseau funéraire de l’infante Doña María, du XIIIe siècle.

Parmi les pièces chrétiennes médiévales de la collection, considérées pour certaines comme les plus importantes d’Europe, figure le Saint Graal, joyau du christianisme qui, d’après les historiens Margarita Torres et José Miguel Ortega, serait le calice de Doña Urraca, qui n’a jamais quitté la collégiale de Saint-Isidore. Le trésor des rois de León, composé de pièces d’orfèvrerie médiévale, n’est pas dénué de surprises. « Il comprend des pièces islamiques et une pièce viking du Xe siècle taillée en corne de renne, ainsi que l’ancienne girouette de la tour, qui représente l’un des coqs Cosroes, d’origine persane et datée du VIIe siècle », explique la directrice du musée, Raquel Jaén. La bibliothèque, située dans le palais des rois, est la troisième plus importante d’Espagne et comprend plus de 2 000 volumes, dont 150 codex et plus de 300 incunables (les premiers livres imprimés). Dans la chambre de Doña Sancha, les peintures murales de la Renaissance, qui étaient jusqu’alors enroulées, ont été restaurées et replacées au mur. Autour du cloître se trouvent les chapelles funéraires des nobles de León. « Dans ce cloître, le roi Alphonse IX a convoqué une réunion considérée comme la première assemblée parlementaire de l’histoire. Les lois approuvées par le roi à la suite de cette assemblée, appelées “décrets”, sont les plus anciens témoignages du système parlementaire », relate la directrice.

Le parcours se termine par le panthéon royal, cimetière où sont enterrés onze rois, douze reines, dix enfants, neuf comtes et d’autres membres de la noblesse. Le panthéon est célèbre par ses peintures murales d’exception ; réalisées selon la technique de la fresque, et remarquablement conservées, elles représentent des scènes de la vie du Christ. Les chapiteaux, également décorés, montrent des scènes de préfiguration comme l’épisode de l’ânesse de Balaam ainsi que des représentations médiévales très anciennes de la vie du Christ, telles que la résurrection de Lazare.

Musée de la collégiale royale Saint-Isidore,
plaza San Isidore no 4, León, Espagne, www.museosanisidorodeleon.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°635 du 7 juin 2024, avec le titre suivant : Le musée San Isidoro triple sa surface

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