LYON
Le parcours retrace l’histoire esthétique, technique et industrielle du cinématographe. Il a été enrichi de dispositifs audiovisuels innovants.
Lyon. Après neuf mois de fermeture pour travaux, le Musée Lumière a rouvert ses portes le 26 octobre dernier. La demeure d’Antoine Lumière (1840-1911), construite entre 1899 et 1901 en bordure du site des usines Lumière dans le quartier de Monplaisir à Lyon, a été mise aux normes afin, notamment, de le rendre accessible aux personnes à mobilité réduite. La muséographie a été repensée pour les deux tiers de ses espaces, et les deux salles de cinéma aménagées au sous-sol, comptant respectivement 64 et 70 fauteuils, ont été entièrement rénovées.
Consacrée à l’histoire de la famille Lumière, aux débuts du cinéma et aux différentes créations techniques de Louis (1864-1948) et Auguste (1892-1954) Lumière, fils d’Antoine, le musée offre de nouveaux dispositifs de visualisation des films Lumière et un « comptoir de l’évolution ». Ce dernier replace dans un contexte historique les inventions des frères Lumière dont le cinématographe, la plus célèbre. À l’occasion de la réouverture, la sculptrice lyonnaise Émilie Tolot propose une séduisante plateforme qui, en tournant, anime près de 300 personnages grâce à un jeu de lumière stroboscopique. Le nouveau parcours a été conçu par l’Institut Lumière avec la collaboration de Nathalie Crinière, de l’atelier lyonnais Scénorama et de Dominique Païni, auteur de la première scénographie du musée.
Ouvert au public en 2003 à l’initiative de l’Institut Lumière, le musée avait déjà fait l’objet de travaux de rénovation, partiels, en 2014. Le coût de la rénovation actuelle est de 1,7 million d’euros. « La Ville, la Métropole et la Région ont octroyé chacune une subvention de 60 000 euros. Le CNC [Centre national du cinéma et de l’image animée] s’est plus impliqué avec une subvention de 400 000 euros, explique Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière à Lyon. L’Institut a emprunté tout le reste, soit près de 1,2 million d’euros, aux banques. C’est une procédure inhabituelle pour une association comme la nôtre, mais nous ne pouvions attendre et nous avons confiance dans notre “business plan” comme dans la ferveur des visiteurs. » Ajoutant : « La fréquentation du musée a extrêmement bien démarré sur les trois premiers jours, ce qui laisse augurer de beaux chiffres annuels. Nous espérons que le musée atteigne et dépasse les 100 000 visiteurs payants en 2024, hors les scolaires dont le nombre annuel est de l’ordre de 40 000 élèves », contre 80 000 visiteurs en moyenne par an jusqu’à présent. « Cela nous placera au 5e rang des musées de Lyon, pour un coût absolument minime pour la collectivité puisqu’aucun budget spécifique ne nous a été octroyé », précise-t-il.
Le budget annuel du musée, de 300 000 euros, est de fait abondé par l’Institut Lumière, lui-même financé à 60 % par les ressources propres, les 40 % restants provenant de la Ville de Lyon, de la Région Auvergne - Rhône-Alpes, de la Métropole de Lyon et du CNC. « Une fois ouvert, le Musée Lumière doit être autonome financièrement », souligne Thierry Frémaux, qui table sur les ressources générées par la billetterie, la location des espaces et les divers événements que le musée pourra désormais accueillir, mais aussi sur le mécénat.
Pour le directeur de l’Institut Lumière, « l’enjeu principal est que les Lyonnais et les touristes se disent : Lyon et l’Institut Lumière sont à la hauteur de leur histoire. Quand je suis à Lyon, je peux tout savoir sur les Lumière et je suis heureux de voir que, contre l’histoire d’une ville qui, dans le passé, n’a pas vraiment respecté les lieux ni ne s’est rendu compte qu’elle était la “ville natale du cinéma”, il y a eu des gens pour prendre soin de tout ça, pour amasser des collections, pour animer et exhumer “l’aventure Lumière” ».
Du site de l’usine lumière ne reste en effet que la villa Lumière, sauvée de la démolition après son rachat par la Ville en 1976, le hangar du Premier-Film, transformé en salles de cinéma par l’Institut Lumière, et la rue Sainte-Victoire devenue, dans les années 1920, la rue du Premier-Film. L’Institut Lumière, a été cofondé en 1982 et administré par l’historien et critique de cinéma Bernard Chardère (1930-2023). Pour redonner vie au site consacré à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine cinématographique en général, et en particulier celui des frères Lumière, ont pris la suite le réalisateur Bertrand Tavernier, son président jusqu’à sa disparition en 2021, et Thierry Frémaux, son directeur depuis près de trente ans.
En 2024, l’institution développera trois grands projets, souligne Thierry Frémaux : « Le lancement d’une plateforme de visionnement des films, la publication du catalogue définitif de la filmographie Lumière avec le CNC, et la sortie, si tout va bien, d’un long-métrage qui fera suite à Lumière ! L’aventure commence [2016], lequel a été vu par 13 000 spectateurs en salles et a été vendu dans 25 pays. » En revanche, le projet de construction, sur le territoire des anciennes usines Lumière, d’un ensemble muséographique (esquissé par Renzo Piano) regroupant le Musée Lumière, des salles de cinéma, des espaces d’exposition temporaires, une bibliothèque, les bureaux, n’est pas abandonné mais va être repensé, confie Thierry Frémaux.
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Le Musée Lumière s’offre un lifting
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°621 du 17 novembre 2023, avec le titre suivant : Le Musée Lumière s’offre un lifting