Bibliothèque - Musée

Le Musée de l’Inguimbertine se révélera dans sa version finale en avril prochain

Par Marion Krauze · lejournaldesarts.fr

Le 11 décembre 2023 - 535 mots

CARPENTRAS

Ouvert depuis 2017, l’hôtel-Dieu de Carpentras exposera bientôt une collection d’objets d’art mais surtout de livres anciens.

Hôtel-Dieu de Carpentras. © Jean-Louis Zimmermann, 2010, CC BY 2.0
L'Hôtel-Dieu de Carpentras.

Après plus de quinze ans de travaux, l’hôtel-Dieu de Carpentras va bientôt accueillir les collections muséales de l’Inguimbertine, l’unique bibliothèque musée de France. Cette institution municipale atypique, qui associe espace de lecture publique et mise en valeur patrimoniale, prend désormais place dans l’un des plus grands monuments historiques vauclusiens.

Le lieu est en réalité partiellement ouvert au public depuis novembre 2017 avec l’inauguration de la bibliothèque de lecture dans l’hôtel-Dieu. Agrémentée de plusieurs œuvres d’art, objets historiques et documents patrimoniaux, elle offrait déjà un aperçu de la richesse des fonds bibliographiques et artistiques de l’Inguimbertine. La création d’un espace muséal s’avérait nécessaire en raison de la qualité et de l’ampleur de ces collections. A partir du 19 avril 2024, l’hôtel-Dieu exposera quatre collections muséales (beaux-arts, ethnologie, archéologie et arts décoratifs), provenant du Musée Comtadin-Duplessis, du Musée Sobirats et de l’Inguimbertine.

La genèse de cette dernière revient au prélat Malachie d’Inguimbert (1638-1757), évêque et mécène de Carpentras. Homme cultivé et philanthrope, d’Inguimbert fonde dans sa ville natale une bibliothèque en 1746 (aujourd’hui nommée Inguimbertine en son honneur). Livres, manuscrits anciens et médailles côtoient quelques peintures et sculptures. Ce précieux ensemble s’enrichit au fil du temps grâce à plusieurs donations successives, notamment celle du médecin et érudit Casimir Barjavel (1803-1868).

En 1847, la ville racheta au marquis de Rochegude sa propriété pour y transférer la bibliothèque. La collection des beaux-arts fut quant à elle déplacée dès 1888 dans une annexe muséale, aujourd’hui nommée musée Comtadin-Duplessis. Mais face au manque de place et à la situation géographique peu avantageuse de ces lieux, la nécessité de trouver un espace d’accueil plus adéquat pour la bibliothèque musée s’impose au début des années 2000.

Vacant après le départ de l’hôpital en 2001, l’hôtel-Dieu de Carpentras se révèle être le choix idéal. Classé monument historique en 1862, ce bâtiment de 10 000 m² fut lui aussi fondé par l’évêque d’Inguimbert en 1762. Avec le soutien de l’Etat, du Conseil régional et du Conseil départemental, la municipalité de Carpentras confie le chantier de réhabilitation à l’Atelier Novembre, pour un budget de plus de 35 millions d’euros. Les contraintes de financement obligent à lancer une première phase de travaux de 2009 à 2017 pour la bibliothèque, puis une seconde pour l’ouverture du musée, initialement prévue en 2020.

Désormais achevé, le musée s’apprête à accueillir le public avec un parcours d’exposition permanente de 1 800 m², mettant à l’honneur l’histoire de Carpentras et du Comtat à travers une sélection d’environ 800 œuvres majeures et plus de 77 000 livres anciens. Un espace est également prévu pour les expositions temporaires. La galerie des Beaux-Arts dispose quant à elle d’un fonds de 1 200 peintures et 500 sculptures, datant du Moyen Âge à aujourd’hui. Elle comprend plusieurs tableaux de primitifs provençaux, des peintures des écoles du Nord et des œuvres d’artistes français tels que Joseph Vernet ou encore Joseph-Siffred Duplessis, portraitiste à la cour de Louis XVI. Le célèbre tableau Gamines, réalisé par la peintre impressionniste Louise Catherine Breslau en 1890, fait aussi partie des collections. Les visiteurs pourront également admirer la reconstitution des cabinets de travail de l’évêque d’Inguimbert et de Barjavel.

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