L’International Consortium of Investigative Journalists a dénombré 1 109 objets du musée new-yorkais à la provenance possiblement douteuse.
New York. La provenance des collections des musées est devenue un sujet aussi brûlant que les scandales financiers, comme en témoigne la dernière enquête de l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ). Basé à Washington DC, ce collectif de 250 journalistes dans 36 pays, à l’origine des « Panama » et « Pandora Papers », révèle que plus de 1 000 objets détenus par le Metropolitan Museum of Art (MET) ont des origines douteuses. Plus précisément, mais ici la précision est d’importance, l’ICIJ indique que 1 109 objets du MET ont appartenu à des collectionneurs qui ont été inculpés ou condamnés pour trafic d’objets culturels. Cela ne veut pas dire que ces 1 109 artefacts sont sortis illégalement de leur pays d’origine, mais qu’il existe de forts soupçons. À l’appui de sa dénonciation, l’ICIJ indique que seule la moitié de ces objets dispose de documents sur les conditions de sortie du pays et que, par ailleurs, en 2022, 29 objets ont été saisis par la justice américaine. Récemment, l’affaire France Museum a rappelé l’histoire du sarcophage égyptien restitué par le musée en 2019.
À dire vrai, la plupart des cas mentionnés dans l’enquête sont connus, à l’instar de la vingtaine d’objets détenus par le musée qui ont appartenu à Robert Hecht, un marchand américain condamné à plusieurs reprises pour trafic d’antiquités et décédé en 2012. Huit cents des 1 100 pièces incriminées sont d’ailleurs en relation avec ce Hecht. Ces objets issus d’Asie et d’Irak ont été donnés au MET par un promoteur immobilier du nom de Jonathan P. Rosen, qui se trouve être un partenaire en affaires de Hecht. Le « généreux » donateur a cependant été pris la main dans le sac. En 2013, la Cornell University a été obligée de rendre à l’Irak 10 000 tablettes antiques supposées volées pendant la guerre d’Irak et données par Rosen. Le même Rosen avait donné au Cleveland Museum of Art des statues romaines sorties illégalement d’Italie que le musée a dû restituer.
L’ICIJ a repéré que le MET possède 85 objets qui ont un temps appartenu à Subhash Kapoor ou à sa galerie. Le marchand américain d’origine indienne est soupçonné d’avoir dirigé un vaste trafic ; il a été condamné à dix ans de prison en Inde, avant un nouveau procès qui l’attend aux États-Unis.
Au fond, l’enquête montre surtout l’indifférence coupable, à commencer par le musée new-yorkais et certains de ses donateurs, à l’égard des conditions de sortie des objets archéologiques. Tout se passe comme si pendant des années, préoccupé par la volonté de devenir un musée généraliste, le MET avait considéré que ces objets étaient orphelins. Ce rapport est une étape de plus dans la prise de conscience qu’une page est tournée.
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Le MET dans le collimateur d’un consortium de journalistes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°608 du 31 mars 2023, avec le titre suivant : Le MET dans le collimateur d’un consortium de journalistes