Menacé depuis les années 1960, le Machu Picchu subit les conséquences d’une administration trop lourde. Malgré la création régulière de commissions,
les aides internationales et
les avertissements de l’Unesco, la gestion du site péruvien
est déplorable et le gouvernement n’en finit
pas d’instaurer de nouvelles instances administratives.
LIMA (de notre correspondant) - Symbole d’harmonie, le Machu Picchu était devenu dans les années 1960 la destination privilégiée de la communauté hippie. Cependant, depuis des décennies, la situation administrative n’a cessé de s’aggraver et aucune autorité – qu’il s’agisse de l’État, des municipalités ou des institutions – n’a pu mettre en place une gestion cohérente des bénéfices générés par l’un des principaux lieux touristiques du Pérou. Aussi, la Comisión nacional de Cultura (Commission nationale de la Culture) récemment créée par décret présidentiel a-t-elle pour vocation d’élaborer une politique culturelle pour le pays. Réunissant des artistes reconnus, des humanistes et des scientifiques locaux, l’organisme constitue la première initiative visant à homogénéiser les efforts pour mieux organiser les activités culturelles et éducatives du pays. En effet, depuis sa découverte, le site a été l’objet d’impardonnables négligences. À partir de 1963 et avant son inscription au Patrimoine de l’Unesco en 1983, routes, centrale hydroélectrique, barrage et voie ferrée n’ont pas épargné le sanctuaire historique de Machu Picchu. De même, le village d’Aguas Calientes, situé non loin du site et comptant quelque 2 500 habitants, s’est étendu sans aucune planification provoquant la pollution de la rivière Vilcanota-Urubamba. Quant aux incendies auxquels la zone est sujette, ils sont dus aux modes de culture des populations rurales. Ainsi, entre 1973 et 1997, plus de 15 000 hectares de forêts ont disparu et l’Unesco a, de fait, envisagé son retrait de la liste des sites et monuments inscrits. Cependant, un rapport datant de 1998 signalait que la zone possédait encore une diversité biologique suffisante pour justifier ce titre.
En réalité, le chaos administratif est la cause de tous les soucis du Machu Picchu et il a notamment empêché, en 1996, l’usage efficace de la subvention de 6,8 millions d’euros allouée par le gouvernement finlandais. L’accord proposé dit “Programme Machu Picchu” consistait en l’effacement d’une dette de 28 millions d’euros en échange de la préservation du site. Or, en 2000, les complications administratives entravaient encore l’application de cet accord. Selon Mikko Pyhala, ambassadeur finlandais au Pérou, “cette situation est due à des conflits entre les différentes institutions et autorités qui prennent des décisions conflictuelles et non concertées”. Malgré ce contexte déplorable, de nombreuses personnes et institutions à l’échelon national ou international ont manifesté la volonté de protéger le sanctuaire afin de limiter les dommages. De même, l’architecte Edwin Benavente, également directeur de l’Institut national de culture de Cuzco, a été nommé responsable de l’Unité de gestion du plan Machu Picchu, visant à coordonner la réalisation d’un plan pilote pour le sanctuaire.
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Le Machu Picchu dans l’impasse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°142 du 8 février 2002, avec le titre suivant : Le Machu Picchu dans l’impasse