Le Hangar Y, nouvelle attraction à Meudon

Meudon (Hauts-de-Seine). Le panneau à l’entrée du parc du Hangar Y, à la lisière de la forêt de Meudon, indique : « Une nouvelle destination culturelle et événementielle. » Ce n’est pas faux mais cela rend compte imparfaitement de l’identité d’un site qui est tout à la fois un lieu récréatif, d’accueil de séminaires d’entreprises et un centre d’art. Le pari de son promoteur, l’homme d’affaires Frédéric Jousset (propriétaire de Beaux-Arts Magazine), est que la multiplicité des offres assure un public suffisant pour rentabiliser le site.

Car l’investissement initial est conséquent : 30 millions d’euros. Le Hangar Y a été construit en 1879 pour accueillir des ballons dirigeables, ce qui donne bien une idée du volume du bâtiment. Devenu en 1921 le premier Musée de l’air, il n’est plus qu’un lieu de réserves du musée à partir de 1936. Il ferme ses portes en 1981 et est resté inexploité pendant quarante ans. L’État l’achète en 1981 et le classe au titre des monuments historiques en 2000, mais ne sait pas trop quoi faire d’une halle, véritable passoire thermique, en dehors de Paris et qui nécessite de lourds travaux de restauration. En 2018, il le loue pour une durée de trente-cinq ans à l’opérateur immobilier Culture et Patrimoine qui veut en faire un « lieu phare de la culture scientifique et du développement économique ». Deux ans plus tard, Frédéric Jousset entre dans le projet via son fonds Art Nova.

Le projet, donc, vise des publics différents. En semaine, la grande halle est réservée aux conventions et séminaires d’entreprises, elle accueille ainsi prochainement l’assemblée générale du syndicat patronal, le Medef. Les dimensions du bâtiment permettent aussi d’organiser des concerts, mais la taille du parking et l’éloignement de la station de RER risquent de limiter cette possibilité.

Le parc de 9 hectares, lui, est ouvert tous les jours, offrant un ensemble de sculptures et d’installations d’art contemporain dans l’esprit de ce que l’on trouve de plus en plus en France, notamment dans les domaines vinicoles du sud-est. Des pièces permanentes (une maison recouverte d’ustensiles de cuisine par Subodh Gupta, un parcours sonore conçu par l’Ircam) côtoient des œuvres prêtées ou louées. Elles sont toutes d’un bon niveau qualitatif, à l’instar d’une sculpture colonne de Pascale Marthine Tayou, d’une installation de Christian Boltanski ou d’un bronze de Wang Keping. Les promoteurs du Hangar Y pensent attirer les nombreux promeneurs de la forêt de Meudon séduits par ce parcours d’œuvres, mais aussi par les animations pour enfants et le restaurant en bordure du lac.

Le week-end, le public pourra aller visiter les expositions d’art déployées sur les mezzanines intérieures de part et d’autre de la grande nef. Le public habituel des centres d’art risque d’être un peu décontenancé par la déambulation sur les deux galeries ouvertes sur la halle, baignant dans une ambiance sonore inhabituelle. L’exposition inaugurale a pour thème, on s’y attendait un peu, l’air et l’espace. Elle aussi est de bonne tenue ; le commissariat a été confié à l’ancienne directrice du CAPC de Bordeaux, Marie-Laure Bernadac et financée par la Fondation Art Explora (appartenant également à Frédéric Jousset). Les œuvres sont accessibles à un public non initié sans pour autant verser dans le ludique ou le simplisme. On y trouve, dans un mélange d’œuvres de différentes époques, les machines volantes de Panamarenko, les drôles de maquettes d’avion de Laure Prouvost ou les dessins hallucinés de Gustav Mesmer.

Les tarifs sont raisonnables, 10 euros pour l’accès au parc et à l’exposition, et 3 euros pour le parc seul. Les lieux sont bien aménagés, avec une attention au service et aux détails. Les visiteurs et les entreprises seront-ils au rendez-vous en nombre suffisant pour couvrir les dépenses ? Réponse dans un an.