La restauration des grands décors se poursuit dans les appartements royaux du château de Versailles. L’antichambre dite du Grand Couvert retrouve sa magnificence.
VERSAILLES - Tous les soirs, à 22 heures, Louis XIV dînait en famille devant une assistance choisie, selon un rituel immuable, dans l’antichambre dite du Grand Couvert. Cette pièce, plus tard englobée dans le Musée d’histoire de France aménagé dans les années 1830 à la demande de Louis-Philippe, fait aujourd’hui l’objet d’une importante restauration, rendue notamment possible grâce au mécénat de la maison de Cognac Martell. Outre une intervention fondamentale menée sur son décor peint, très fortement dégradé, une muséographie spécifique restituera au public l’histoire et la fonction de cette salle au sein du dédale des appartements versaillais. Avant de devenir lieu du souper puis, sous Marie-Antoinette, salle de musique avec l’adjonction d’une tribune, l’endroit, situé dans les Grands Appartements de la reine, a été longtemps affecté aux gardes. Il faisait pendant au salon de Mars de l’appartement du roi. Une fonction qui explique l’iconographie de son décor : Mars, dieu de la guerre, est ici traduit en version féminine par la figure de Bellone mais aussi par quelques héroïnes telles que Clélie, qui brava les Étrusques, ou Artémise, la reine guerrière d’Halicarnasse. Dirigé de 1671 à 1680 par le premier peintre du roi, Charles Le Brun, ce décor conjugue toiles marouflées et gypseries en relief. Les peintures sont dues aux pinceaux de Claude-François Vignon et Antoine Paillet, « deux artistes rares, dont peu d’œuvres sont connues », souligne Nicolas Milovanovic, conservateur en charge des peintures.
Réintégrations
Malgré les transformations postérieures de la salle, ce décor originel est resté en place, exception faite de la partie centrale du plafond. Ruinée, la peinture de Vignon a été remplacée dès 1814-1815 par une toile de Paul Véronèse, Saint Marc récompensant les vertus théologales, enlevée en 1797 au Palais des Doges, à Venise. Donnée en 1861 au Musée du Louvre, elle a alors été remplacée par un carton de tapisserie dû à Henri Testelin illustrant La Famille de Darius aux pieds d’Alexandre (1665), d’après la célèbre tenture de Charles Le Brun. Cette peinture, tout comme les très beaux camaïeux des voussures, peints avec une technique par touches d’or qui imite le bas-relief, était très altérée. L’équipe de restaurateurs, active sur le chantier depuis avril 2009 sous le contrôle du Centre de restauration et de recherche des musées de France (C2RMF), a dû toutefois intervenir en tenant compte des restaurations menées entre 1953 et 1955. « Ces restaurations, mal documentées mais menées de manière scrupuleuse, n’ont pas forcément été “dérestaurées” », souligne Anthony Pontabry, qui dirige l’équipe de restaurateurs. De nombreuses réintégrations ont par ailleurs été décidées, au cas par cas, notamment sur la peinture centrale du plafond. L’ensemble, qui se poursuivra par une intervention sur les sculptures en gypse, menée par l’architecte en chef des Monuments historiques en charge du château, devrait s’achever à l’automne 2010.
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La restauration de l’antichambre dite du Grand Couvert, au château de Versailles
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°317 du 22 janvier 2010, avec le titre suivant : La restauration de l’antichambre dite du Grand Couvert, au château de Versailles