Fondation - Restauration

La Fondation du patrimoine premier financeur privé du patrimoine

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 13 février 2025 - 634 mots

La fondation créée en 1996 reste le premier acteur non public du patrimoine grâce au soutien des entreprises et à son fonctionnement calqué sur le monde entrepreneurial.

Paris. Rares sont les opérateurs privés du patrimoine, à l’instar de la Fondation du patrimoine, à compter dans leurs membres fondateurs des entreprises du CAC 40. Ses trois présidents successifs depuis sa création en 1996 venaient tous du monde de l’entreprise. Son actuel président, Guillaume Poitrinal, qui a dirigé Unibail-Rodamco-Westfield, rappelle que « la Fondation a été créée grâce à la mobilisation des entreprises du CAC 40 ». Parmi les mécènes et donateurs se trouvent les Mutuelles Axa, Bouygues Travaux Publics et Dassault, aux côtés de PME locales. Si l’essentiel des dons vient des particuliers (26,8 M€ en 2024), les entreprises mécènes ont apporté 12,8 millions d’euros soit 12 % des ressources (hors mécénat pour la cathédrale Notre-Dame de Paris) avec souvent des sommes approchant le million d’euros. En ce début 2025, la Fondation a 2 000 collectes en cours, un chiffre en augmentation constante. Les autres fondations ou fonds de dotation engagés dans la sauvegarde du patrimoine affichent des chiffres plus modestes. Ainsi la La Sauvegarde de l’art français, créée en 1921, a collecté entre 2013 et 2022 la somme de 1,6 million d’euros et réalisé quelques dizaines de projets par an.

La Fondation du patrimoine reste le seul acteur du secteur à s’occuper de tous les types de patrimoine, qu’il s’agisse d’églises, de maisons de maître, de corps de ferme ou de patrimoine naturel. Elle est devenue le principal interlocuteur des porteurs de projets (particuliers ou collectivités) dans le cadre de la restauration d’un bien patrimonial, aux côtés des Drac (directions régionales des Affaires culturelles) et du ministère de la Culture. La Fondation travaille aussi en collaboration étroite avec les architectes des Bâtiments de France, précise Guillaume Poitrinal. Alexandre Giuglaris, son directeur général, ajoute que la Fondation a des missions « complémentaires » de celles du ministère et des acteurs publics du patrimoine.

Un « maillage territorial » et des bénévoles

L’empreinte du monde de l’entreprise transparaît dans « l’ADN de la Fondation » selon Alexandre Giuglaris. Le soutien des entreprises se fait souvent sur le long terme, à l’exemple d’Axa, où « depuis six ans un vote rassemblant les collaborateurs d’Axa France, ses partenaires et le grand public permet d’attribuer 100 000 euros à des sites régionaux en péril soutenus par le Loto du patrimoine ». Les mécènes peuvent suivre l’évolution du projet qu’ils financent, et « s’investir pleinement » dans sa réalisation. L’incendie de Notre-Dame en 2019 a provoqué une prise de conscience de « la fragilité du patrimoine » parmi les dirigeants d’entreprise, même si l’effet sur les dons est difficile à évaluer. Idem pour la politique mémorielle :la dotation Dassault Histoire & patrimoine a consacré 1 million d’euros à la restauration d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne, [voir ill.]) en 2024. Mais il n’y a pas que des grandes entreprises qui soutiennent le patrimoine, car de nombreuses PME font des dons pour des projets locaux. Une des forces de la Fondation est son « maillage territorial » dans le monde entrepreneurial, à l’image des délégations départementales et régionales et de leurs bénévoles.

Concernant les bénévoles précisément, Guillaume Poitrinal exprime le souhait que leur nombre double d’ici à 2027 pour atteindre 2 000 personnes, et il annonce une nouveau programme de formation. D’une manière générale, il plaide pour l’efficacité et la rapidité, avec des collectes de plus en plus courtes car « le temps joue contre le patrimoine ». C’est ce qui a justifié que la collecte pour Notre-Dame en 2019 ait été clôturée au bout de quelques mois, une décision mal comprise à l’époque. Avec cet esprit hérité de l’entreprise, la Fondation veut élargir son périmètre d’activité en 2025, vers le patrimoine naturel, les métiers d’art, les donateurs étrangers et aussi vers des projets à impact social, culturel ou économique, une catégorie créée récemment.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°649 du 14 février 2025, avec le titre suivant : La Fondation du patrimoine premier financeur privé du patrimoine

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