Au Guatemala, le site de Cancuén vient de révéler la présence d’un palais royal du VIIIe siècle av. J.-C. Témoin de l’importance de la ville, le bâtiment de 25 000 m2 invite à reconsidérer la configuration politique de l’empire Maya.
GUATEMALA (de notre correspondant) - Situé sur le fleuve de la Passion dans le Petén méridional, le site Maya de Cancuén est connu depuis 1905, année de sa découverte par l’archéologue autrichien Tobert Maler. Mais ni ses recherches, ni celles menées par les équipes nord-américaines pendant les années soixante et soixante-dix, n’avaient révélé l’importance du site. C’est en suivant une piste suggérée par les Mayas que la découverte du palais a eu lieu. Une inscription trouvée à Dos Pilas rapporte l’existence d’une princesse de Cancuén, Ix Chac, mariée vers 730 av. J.-C. à un noble de la ville. La présence d’objets exceptionnels pour la région retrouvés dans la demeure de cette dernière a suggéré l’installation d’artisans de Cancuén dans la ville. Si Cancuén “exportait” une main-d’œuvre spécialisée, elle ne pouvait être un centre mineur. Avec la mise au jour, l’été dernier, d’un palais royal de 25 000 m2, la réévaluation du site par Arthur Demarest de la Vanderbilt University de Nashville (USA) et Tomás Barrientos de l’Universidad del Valle (Guatemala) s’est révélée surprenante.
Inauguré entre 740 et 790 av. J.-C. sous le règne de Tah Ak Chaan, le complexe s’articule autour d’une série de bâtiments de trois niveaux, où se déploient des “arcs” de six mètres de haut. Des ateliers d’artisans ont été distingués ainsi que des dizaines de fragments de jade et d’hématite. Pareils éléments situent la cité comme un nœud stratégique dans le commerce de longue distance des objets rituels. Hypothèse renforcée par l’emplacement géographique de la ville, située dans la zone où le Río de la Pasión devient navigable, et où peuvent confluer les matières des montagnes voisines. La revalorisation du rôle joué par Cancuén apporte une autre pierre à la reconstruction de l’histoire politique des Mayas et du système d’alliances qui opposait les cités de Tikal et Calakmul. On savait déjà que Cancuén était alliée de la deuxième, et qu’en 656 et en 677 un noble de Calakmul était présent au couronnement du roi de Cancuén. Les découvertes soulignent plus clairement la configuration de la ligue de villes hostiles qui encerclaient Tikal de tous côtés. En attendant le mois de février 2001, date du lancement d’une campagne de fouilles systématique, les archéologues craignent que la nouvelle de la découverte ne déchaîne les pilleurs. Peu optimistes, ils ont cherché à informer les habitants du proche village de El Zapote pour les appeler à la vigilance.
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La cité perdue, puis retrouvée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°112 du 6 octobre 2000, avec le titre suivant : La cité perdue, puis retrouvée