En 1955, le président du Brésil décide de la construction de BrasÁlia, la nouvelle capitale du pays. Trois ans plus tard est inaugurée la résidence présidentielle, premier d’une longue série de symboles.
Entré dans sa 102e année le 17 décembre 2008, Oscar Niemeyer est assurément le plus vieil architecte de la planète. Si la formule est quelque peu légère, elle lui va comme un gant tant l’œuvre de cet artiste renvoie à une forme de futurisme qui semble bien venir d’une autre… planète.
Brasília, le président Juscelino Kubitschek (1902-1976) l’a rêvée et c’est Oscar Niemeyer qui l’a faite. Il en est le véritable héros et l’on peut parier à l’avance qu’il le sera lors des festivités qui se dérouleront à partir du 21 avril 2010 pour célébrer le cinquantenaire de la création, en 1960, de la capitale brésilienne.
« L’architecture n’est pas un simple problème technique d’ingénieur, mais une manifestation de l’esprit, de l’imagination, de la poésie. » Si cette déclaration en dit long sur la philosophie de l’architecte, il n’en reste pas moins que son architecture est formaliste, mais un formalisme qui ne s’est pas enfermé dans le fonctionnalisme strict, façon style international.
Bien au contraire, Niemeyer a toujours été attiré par « la forme libre » et « la courbe généreuse » et cela l’a conduit à une architecture de « toits voûtés », de « surfaces inclinées » et de « pilotis différents ». Aussi s’est-il appliqué à chercher à rendre l’architecture brésilienne « plus désinvolte, plus libre et variée, en contraste avec la rigueur rectiligne, géométrique, extrêmement limitée, qui caractérisait le développement de l’architecture contemporaine ».
L’influence de l’architecture grecques classique
La forme libre, c’est bien ce qui fait l’originalité de la capitale du Brésil. Le palais de l’Aurore – Palácio da Alvorada –, qui fut le premier édifice construit par Oscar Niemeyer, en est un éclatant exemple. Inauguré en juin 1958, il est la résidence du président de la République. Situé au bord du lac Paranoá, à deux kilomètres du Parlement, il est placé au milieu d’un immense jardin ; réputé pour ses façades en marbre, ses baies vitrées et ses colonnes blanches qui s’ouvrent en demi-cercles, il est le symbole de la République brésilienne. La question du symbolique fonde la démarche de toute l’architecture « brasilienne » de Niemeyer. Elle en est tout à la fois la raison d’être, la métaphore et le vecteur.
La petite église de Notre-Dame-de-Fatima, appelée aussi Igrejinha, en est un autre excellent exemple. Elle a été la première église construite par l’architecte à Brasília à la demande de la femme du président Kubitschek. D’une étonnante gracilité, elle est un tout petit édifice ouvert à tous les vents dont le toit a la forme d’un voile de religieuse.
Oscar Niemeyer n’a jamais renié l’influence qu’a pu avoir sur lui l’architecture grecque classique, conjuguant fonctionnalité et esthétisme. Son art en appelle toutefois à l’idée de rupture, celle des rythmes, des volumes et des niveaux, qu’il n’hésite pas à associer à un lyrisme personnel qui frise parfois le baroque.
Ainsi Niemeyer a fait de Brasília le champ à ciel ouvert d’un immense parc d’architectures « objets », mariant jeux de courbes et de rondeurs à la rigueur des lignes droites et au minimalisme élémentaire du dessin. Et Brasília de paraître alors comme la ville de tous les contrastes.
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Kubitschek l’a rêvée, Niemeyer l’a faite
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°609 du 1 janvier 2009, avec le titre suivant : Kubitschek l’a rêvée, Niemeyer l’a faite