L’artiste qui vit en partie en France bénéficie d’un musée consacré à son œuvre dans une île touristique.
JEJU (CORÉE DU SUD) - Lorsqu’il est arrivé en France en 1970, Kim Tschang-Yeul (né en 1929 en Corée du Nord, alors sous occupation japonaise) s’est d’abord installé à Palaiseau, en banlieue parisienne, où il a rencontré sa future femme. Deux ans plus tard, le couple déménagera dans le 6e arrondissement où il réside encore quelques mois par an. Kim Tschang-Yeul a ainsi été le premier artiste contemporain coréen à s’installer à Paris (Lee Ufan, par exemple, ne viendra que plus tard), et il va beaucoup aider des artistes français (César, Claude Viallat…) à exposer au pays du Matin-Calme. Mais s’il a passé une bonne partie de sa vie en France, exposant notamment à la galerie Enrico Navarra puis chez Baudoin Lebon, c’est à Jeju, une île située au sud de la Corée du Sud que l’artiste a inauguré, le 24 septembre, le musée départemental qui lui est consacré, et dont la construction a été entièrement financée, pour l’équivalent de 7 millions d’euros, par le département de Jeju.
Trois grandes salles
Étalée sur 73 km d’est en ouest et 31 km du nord au sud, Jeju est une île volcanique dont le paysage est régulièrement scandé par des murets anthracite en pierre de lave. Le Musée Kim-Tchang-Yeul est de cette couleur mais il a été construit, sous la houlette de l’agence ArchiPlan, en béton teinté dans la masse avec des murs ayant gardé la trace des planches de bois qui ont permis de les monter. Du plus bel effet.
D’une forme légèrement rectangulaire, le bâtiment est composé de différents blocs cubiques qui entourent un atrium permettant d’accéder aux terrasses par des rampes. À l’intérieur, les 1 587 mètres carrés se répartissent en trois grandes salles d’exposition : l’une est dévolue aux expositions temporaires, une autre à la collection permanente, une autre encore aux projets spéciaux. Lors de l’inauguration, l’exposition « Les marques de l’existence », montée par le critique et commissaire Yoo Jin-sang, investissait tous les espaces. On y retrouve les deux thèmes majeurs de l’artiste : celui de la goutte d’eau (qui lui a valu son surnom de « Kim Goutte d’O ») peinte de façon hyperréaliste, en trompe l’œil, et celui d’une écriture de signes qui peuvent parfois se combiner aux gouttes.
À ces trois salles s’ajoutent librairie, boutique, cafétéria et une réserve abritant les 220 tableaux donnés par l’artiste.
Dirigé par Kim Sun-hee, l’ancienne directrice du musée d’art contemporain de Daegu, le musée fait penser à l’île de Naoshima au Japon, où Soichiro Fukutake a créé de toutes pièces le « Benesse Art Site », regroupant plusieurs musées parmi lesquels celui de Chichu (recelant des Nymphéas de Monet, une installation de James Turrell…) et un musée Lee Ufan, tous deux conçus par Tadao Ando. Faut-il voir là une tendance, celle des musées insulaires aux confins de l’Asie ? Pas vraiment, car si à Naoshima ce sont les musées qui font venir les visiteurs là où il n’y avait qu’un village de pêcheurs, à Jeju c’est le contraire. L’île, qui fait figure de Corse coréenne, est depuis longtemps un haut lieu touristique fréquenté par beaucoup de Chinois ; elle accueillait déjà plusieurs musées, notamment les quatre musées Arario, du nom de ce galeriste de Séoul qui a créé ses propres lieux.
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Kim Tschang-Yeul a son musée
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Abonnez-vous dès 1 €2120-82, Jeoji-ri, Jeju-si, province de l’île de Jeju, Corée du Sud, tél. 64 710 34 23, tlj sauf lundi 9h-18h, kimtschang-yeul.jeju.go.kr
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°467 du 11 novembre 2016, avec le titre suivant : Kim Tschang-yeul a son musée