Jean-François Chougnet est directeur général de l’association Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture.
Isabelle Manca : Vous êtes arrivé en 2011 en remplacement de Bernard Latarjet à la direction de l’association MP 2013. Reprendre les rênes fut-il compliqué ?
Jean-François Chougnet : À mon arrivée, la programmation était bouclée dans les grandes lignes. Les lieux, les grands thèmes et les séquences étaient définis, et les grandes expositions déjà lancées. J’ai donc hérité d’un projet dont j’ai assuré, et dont j’assure, la gestion.
I.M. : Et sa complexité…
J.-F.C. : La complexité de ce type de projet ne vient pas de la programmation, mais de l’institutionnel. Dans le cadre de MP 2013, le principal défi a été de construire un territoire dont les acteurs n’ont jamais réellement travaillé ensemble. Avant même la question de la rivalité entre villes, comme Aix et Marseille, on s’aperçoit qu’il n’existe aucune histoire de travail en commun, ce qui a engendré parfois des incompréhensions multiples. Mais il fallait que la dynamique prenne dans une perspective de construction territoriale, que la manifestation ait toute une série d’impacts sur le territoire, car nous sommes financés à plus de 70 % par les collectivités territoriales.
I.M. : Nombre d’associations locales engagées dans la candidature de MP 2013 critiquent l’association en soulignant qu’une fois le label obtenu, elles ont dû faire face à une absence de retour sur leurs propositions jusqu’au printemps dernier…
J.-F.C. : L’appel à projets a déclenché un déferlement de propositions auquel nous avons, il est vrai, réagi de manière trop peu organisée. Beaucoup de projets ont néanmoins été retenus.
I.M. : Quand on lit pourtant la programmation, un certain nombre d’acteurs culturels importants, comme le Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (CIRVA) et le Centre international de poésie Marseille (CipM), ne sont pas mis en valeur. Pourquoi ?
J.-F.C. : Comme le dit Bernard Latarjet : « Une capitale européenne de la culture, c’est une machine à faire des mécontents. »
I.M. : N’est-il pas surprenant que de grandes figures comme César, né à Marseille, soient absentes de la programmation ?
J.-F.C. : Nous avons essayé de monter une exposition César, malheureusement nous avons eu un problème avec les ayants droit. Mais nous lui consacrerons une manifestation à l’automne à la Vieille Charité.
I.M. : Pourquoi faut-il attendre jusqu’à juin pour que soient programmés les événements importants, telle l’exposition « Le grand atelier du Midi » au Musée Granet d’Aix et au Musée des beaux-arts de Marseille ?
J.-F.C. : Ce n’est pas tout à fait exact, même si le MuCEM écrase tout le monde en termes d’attente, ce qui est normal. Dès janvier, nous proposons une grande offre de spectacles vivants et ouvrons au public le JI avec une belle exposition sur les grandes cités d’hier et d’aujourd’hui du bassin méditerranéen, tandis que la Friche Belle de Mai inaugurera la tour Panorama et l’exposition « Ici, ailleurs » dédiée à la création contemporaine des deux rives.
I.M. : Avez-vous des regrets concernant la programmation ?
J.-F.C. : Oui, bien sûr. La grande exposition Camus qui avait été programmée n’aura finalement pas lieu.
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Jean-François Chougnet - « Une capitale européenne de la culture, c’est une machine à faire des mécontents ! »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°654 du 1 février 2013, avec le titre suivant : Jean-François Chougnet - « Une capitale européenne de la culture, c’est une machine à faire des mécontents ! »