MARSEILLE
Faire renouer Marseille avec son territoire, construire de nouveaux équipements, rénover des équipements existants… MP 2013 signera-t-elle le renouveau de la culture à Marseille et ses alentours ?
Dès l’annonce de la candidature de Marseille au label capitale européenne de la culture 2013, la question s’est posée. Pourquoi Jean-Claude Gaudin, qui durant ses trois mandatures a négligé la culture et son budget, a-t-il voulu que sa ville concoure ? Et pourquoi a-t-il englobé dans la candidature les grandes villes du département des Bouches-du-Rhône parmi lesquelles Aix-en-Provence, la rivale ? Les réponses, à l’identique, se rejoignent : Marseille est une ville pauvre – 51,7 % de la population ne paie pas d’impôt – dont l’essentiel des richesses se situe à sa périphérie, que ce soit au niveau des particuliers, des activités portuaires et industrielles de Fos ou de Berre, des entreprises, ou du tourisme d’Aix ou d’Arles. Mutualiser les charges et les ressources est, par conséquent, un enjeu pour le sénateur-maire de Marseille qui milite depuis longtemps pour la création d’une grande métropole forte et cohérente.
Marseille réussira-t-elle à prolonger la dynamique MP 2013 ?
Comme le souligne Bernard Latarjet, auquel Jean-Claude Gaudin demanda de penser la candidature de Marseille, « ce projet culturel a été un moyen de faire des travaux pratiques de métropolisation » à l’heure où la loi de décentralisation prévoit de transformer en 2014 Marseille, Lyon et Lille en eurométropoles. Et « cela a marché malgré les individualismes, les résistances, les conflits, les rivalités et le fait que les communes riches n’ont pas envie de payer pour Marseille », estime Michel Pezet, délégué à la Culture au conseil général des Bouches-du-Rhône.
« MP 2013 a montré que l’on peut coordonner l’ensemble du département sans créer une métropole qui mettra quinze ans à devenir opérationnelle », poursuit celui qui a toujours œuvré pour la culture aussi bien à Marseille, sa ville natale, que dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur lorsqu’il en fut le président de 1981 à 1986. « MP 2013 a permis à Marseille, Aix, Aubagne, Arles… de se poser en termes d’identité culturelle et de complémentarité », juge pour sa part Jacques Pfister, président de la chambre de commerce et d’industrie de Marseille-Provence et président de MP 2013.
MP 2013, préfiguration, donc, des actions qui pourraient être menées par la suite au niveau du département en matière de culture, mais aussi de transports publics (un pass a été créé pour faciliter les déplacements entre les principales villes du département et les horaires des métros, trains et bus ont été élargis) ? À voir, car passé 2013 demeurent les inconnues des élections municipales de 2014, la volonté de Marseille de poursuivre la dynamique impulsée par MP 2013 et sa capacité à y arriver. Propulseur de projets, MP 2013 le fut en effet au-delà même des attentes, du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM, dont la construction a été annoncée par le ministère de la Culture après que le label a été obtenu par la ville de Marseille) aux rénovations, constructions ou extensions des musées de la ville décidées par la municipalité bien que non envisagées initialement par le schéma directeur de la candidature.
« Sur la cinquantaine de constructions, rénovations ou extensions d’équipements culturels, plus des deux tiers des chantiers sont sur Marseille, soit 680 millions d’investissements culturels, des chantiers qui vont être ouverts ou terminés en 2013 », précise Bertrand Collette, chargé de mission coordination territoire et grands chantiers à l’association MP 2013. Le projet lui-même de rendre piéton le Vieux-Port, qui était dans les cartons, s’est concrétisé.
En pleine rénovation urbaine sous l’égide d’Euroméditerranée – opération nationale née en 1995 –, la ville se métamorphose, s’embellit, retrouve son port et rattrape son retard considérable dans le domaine des équipements culturels. Encore s’agira-t-il de leur donner des moyens et d’affirmer une politique culturelle ambitieuse construite sur d’autres considérations que le développement des croisiéristes, passés de 220 000 en 2005 à 850 000 en 2012 avec un objectif à terme de deux millions.
Budget de l’association MP 2013
90 millions d’euros pour les années 2009 à 2005 dont 62 millions (69 %) ont été consacrés à la production et coproduction des manifestations culturelles.
Financements
Mécénat et parrainage (15 millions d’euros) ; Union Européenne (1,5 million) ; État (12,2 millions), collectivités partenaires (62,70 millions dont 12,2 millions pour la Région et le Conseil général).
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Les enjeux culturels de MP 2013
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°654 du 1 février 2013, avec le titre suivant : Les enjeux culturels de MP 2013