PARIS
A la suite de son fondateur, Frits Lugt, la Fondation Custodia, à Paris, continue d’enrichir son exceptionnelle collection d’art graphique. Elle y parvient de la plus belle des manières avec ce dessin unique en son genre de James Tissot.
James Tissot, né à Nantes en 1836, fait ses débuts au Salon de 1859 avec des scènes de genre inspirées du Moyen Âge. C’est à partir de 1864 qu’il peint ses premiers portraits d’élégantes qui feront sa renommée. En 1871, il se bat aux côtés des Communards pour la défense de la capitale. Quand vient la défaite, il se réfugie à Londres où il devient l’un des portraitistes les plus en vue de la haute société victorienne. Tissot rentre à Paris en 1882, en pleine révolution impressionniste. Sans adhérer pour autant à la nouvelle peinture, Degas, Manet et Whistler deviennent ses amis.
Le dessin à la mine de graphite est une étude pour la partie gauche d’une eau-forte intitulée Au vestiaire et gravée par James Tissot autour de 1885. Seulement deux exemplaires sont identifiés, l’un conservé à la Bibliothèque nationale (Paris), l’autre au Musée des beaux-arts de Nantes.
Le dessin a été acquis en janvier 2019 pour la somme de 27 000 € auprès de la galerie londonienne Stephen Ongpin Fine Art. Une transaction providentielle pour Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia, qui avait déjà convoité l’œuvre vingt ans plus tôt quand il la découvrit en 1999 lors d’une exposition chez Colnaghi (Londres). Faute d’un budget suffisant, il n’avait pu alors l’acquérir pour le compte du Rijksmuseum.
Une suite de chapeaux hauts-de-forme et de manteaux, tous identiques, sont suspendus à des patères. Au centre de la feuille, est dessiné l’étui d’un violoncelle. Nous sommes dans un vestiaire de musiciens. Détail réaliste et pittoresque à la fois, les étiquettes nouées par un fil aux vêtements afin que ceux-ci puissent être reconnus par leurs propriétaires.
Entre 1883 et 1885, Tissot peint La Femme à Paris, ambitieux cycle de quinze tableaux conçus comme une ode à la Parisienne, alors incarnation de la femme moderne et ambassadrice du chic à la française. Seuls cinq portraits du cycle furent gravés, dont La Plus Jolie Femme de Paris. Son sujet est inspiré d’un roman de Ludovic Halévy dans lequel l’auteur relate la brève renommée de madame Derline, épouse d’un homme politique. Un soir qu’elle assistait à une représentation de Sigurd d’Ernest Reyer à l’Opéra Garnier, elle fut acclamée comme étant la plus belle femme de la capitale. Le vestiaire dessiné et gravé par Tissot pour accompagner l’illustration de ce fait divers mondain serait donc logiquement celui des musiciens de l’Opéra de Paris. Ces derniers ont quitté le vestiaire pour rejoindre la fosse d’orchestre, ce qu’atteste l’étui vide, debout et entrouvert.
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Etude pour le vestiaire de James Tissot
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°721 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : Etude pour le vestiaire de James Tissot