Fondation - Photographie

Entretien avec Clément Chéroux

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 25 octobre 2023 - 411 mots

PARIS

Alors que la Fondation Henri Cartier-Bresson fête cet automne ses 20 ans, son directeur revient sur les rapports du photographe avec le noir et blanc.

Qu’est-ce que représente le noir et blanc pour Henri Cartier-Bresson ?

Le noir et blanc est son mode d’expression principal. Au moment où il commence à photographier, il n’y a pas de photographie en couleurs, en tout cas pas avec le type d’appareil qu’il utilise. Après la création de l’Agence Magnum [en 1947, NDLR], il fera beaucoup de couleur, car il travaille essentiellement pour la presse illustrée. Dès les années 1948, paraissent des reportages entièrement en couleurs. C’est en fait essentiellement dans les années 1980, à partir du moment où il arrête la photographie et où il est plus reconnu comme un artiste que comme un reporter, qu’il se met à critiquer la photographie couleur. Elle est, selon lui, essentiellement un outil d’information et pas du tout un mode d’expression artistique comme l’est le noir et blanc.

Quelles sont ses références quand il commence la photographie ?

Cartier-Bresson a souvent dit que cette fameuse photo d’enfants noirs se baignant dans le lac Tanganyika, réalisée par Martin Munkácsi, l’avait beaucoup inspiré par sa chorégraphie. Il regarde aussi beaucoup les photos de rue d’André Kertész. Et puis il a toute une inspiration picturale : quand il fait référence à cette fameuse photo de Munkácsi, c’est pour lui une transcription photographique de La Danse de Matisse.

Quel type de tirage privilégie-t-il ?

Il disait qu’il aimait les tirages pas trop contrastés. Il ne tirait pas lui-même et n’a fait ses propres tirages que dans les années 1930. Pourtant, si pour lui tout se passait à la prise de vue, il prêtait une grande attention aux tirages. Au sein du laboratoire Picto, il a eu plusieurs tireurs attitrés. À partir du moment où les papiers sont devenus très blancs et les photos très contrastées, en particulier dans les années 1980, il a cherché des tirages avec une gamme de gris la plus étendue possible.

Quelles sont les autres idées reçues sur Henri Cartier-Bresson ?

La principale est de considérer qu’il n’y a qu’un seul Henri Cartier-Bresson, alors qu’il y en a plusieurs. Le Cartier-Bresson du début des années 1930 est différent de celui de la fin des années 1930, qui lui-même est différent du Cartier-Bresson des années 1950, qui diffère encore de celui des années 1980. Sa position vis-à-vis du noir et blanc et de la couleur a ainsi ainsi évolué avec le temps.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°769 du 1 novembre 2023, avec le titre suivant : Entretien avec Clément Chéroux

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