SAN CASCIANO DEI BAGNI / ITALIE
Vingt-quatre statues de bronze ont été mises au jour dans un sanctuaire en Toscane, soit le plus grand nombre de bronzes de l’âge étrusque jamais découverts dans la Péninsule.
San Casciano dei Bagni, Toscane. Elles refont surface après 2 300 ans et font la « une » de tous les journaux italiens. La première phase d’un chantier de fouilles ouvert il y a trois ans dans la station thermale de San Casciano dei Bagni, dans la province de Sienne, s’achève par une découverte spectaculaire. Vingt-quatre statues de bronze, dont les plus grandes mesurent environ 1 m, émergent d’une eau chaude. La gangue de boue qui recouvrait ces dieux, matrones, vierges et empereurs a permis de les restituer intacts à la lumière du jour. Un trésor archéologique à tous points de vue puisque environ 6 000 pièces d’or, d’argent et de bronze ont également été trouvées. Le parfait état de conservation de ces statues et pièces permet de déchiffrer des inscriptions en étrusque et en latin, notamment les noms de puissantes familles étrusques.
« C’est certainement l’une des découvertes de bronzes les plus significatives dans l’histoire de la Méditerranée ancienne, s’est félicité Massimo Osanna, directeur général des musées d’État italiens, et la plus importante depuis les bronzes de Riace [deux sculptures grecques retrouvées en 1972 dans le sud de l’Italie et datant du Ve siècle avant J.-C.]. » Le chantier de fouilles a mobilisé 60 jeunes spécialistes italiens et étrangers dans une approche multidisciplinaire associant archéologues, architectes, archéobotanistes mais aussi experts en numismatique et épigraphie.
Le sanctuaire de San Casciano dei Bagni remonte à la période étrusque avant d’être développé sous les Romains. Établi au IIIe siècle av. J.-C., il est resté actif jusqu’au Ve siècle apr. J.-C. puis a été abandonné mais pas détruit. Le site toscan abrite la plus importante quantité de statues de bronze de l’âge étrusque et romain jamais découverte en Italie. « C’est sans précédent », s’est réjoui l’archéologue Jacopo Tabolli, à la tête du projet piloté par l’Université pour étrangers de Sienne. « Jusqu’à présent, ce sont principalement des statues en terre cuite qui sont connues pour cette période, les statues de bronze ayant été fondues au fil des siècles. Le site est vaste et nous nous attendons à de nouvelles découvertes dans les années à venir. C’est un véritable laboratoire d’étude sur la diversité culturelle pendant l’Antiquité. »
Des découvertes qui permettront, selon les experts, de révolutionner la connaissance de la civilisation étrusque. « La valeur de ces statues n’est pas artistique mais archéologique, précise Valentino Nizzo, directeur du Musée national étrusque de la Villa Giulia à Rome. D’autres bronzes qui nous sont parvenus sont plus beaux mais ont été prélevés souvent dans des sites qui ont été saccagés. Dans ce cas précis, ils proviennent tous du même contexte qui a été préservé. Nous avons une occasion unique d’étudier l’évolution de la religiosité, la transition entre la Toscane étrusque et celle sous domination romaine ainsi que la continuité entre ces deux mondes. »
Les fouilles du site vont se poursuivre. Les vestiges qui seront découverts rejoindront les vingt-quatre statues dans le futur musée qui sera inauguré dans un palais historique du XVIe siècle à San Casciano dei Bagni. Il sera à terme complété par un parc archéologique, a annoncé le nouveau ministre italien de la Culture qui n’a pas bridé son enthousiasme : « Nous devons être conscients que, dans le domaine culturel, nous sommes la première superpuissance mondiale. »
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En Italie, une spectaculaire découverte pour la civilisation étrusque
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°599 du 18 novembre 2022, avec le titre suivant : En Italie, une spectaculaire découverte pour la civilisation étrusque