Le musée M de Louvain vient de s’offrir ce rarissime dessin du XVe siècle, attribué à l’entourage de Rogier van der Weyden.
Attribué à l’entourage de Rogier van der Weyden, ce dessin au fusain, au pinceau et à l’encre brune est une variation de la fameuse composition du maître bruxellois, montrant la Vierge Marie s’évanouissant à la mort du Christ. Celle-ci est retenue par saint Jean, l’apôtre préféré, et accompagnée des deux Marie. Les experts ont pu établir que l’œuvre a été réalisée entre 1458 et 1469, grâce au filigrane représentant une tour.
Malgré les recherches, l’auteur demeure anonyme, comme c’était fréquemment le cas au Moyen Âge. Le style de dessin, les motifs et la datation permettent toutefois de le rattacher à l’entourage de Van der Weyden (1399-1460), considéré comme le plus important des primitifs flamands, juste après Van Eyck. On sait peu de choses sur lui, sinon qu’il était le peintre officiel de la Ville de Bruxelles, et qu’il a travaillé pour les ducs de Bourgogne et même pour les Médicis.
L’importance de ses commanditaires et surtout la modernité de ses compositions expliquent l’aura de Van der Weyden. Son atelier était l’un des plus réputés des Pays-Bas et il a entre autres formé Memling. Afin de bénéficier de son prestige, ses émules s’appropriaient ses compositions les plus emblématiques. À l’image de ce dessin, qui peut être directement relié au célèbre Triptyque des sept sacrements conservé à Anvers. La pose de la Vierge et l’attitude pensive de Jean sont en effet très proches.
L’artiste était plébiscité pour son réalisme. Il a inventé une manière inédite de saisir les émotions, avec une justesse et une intensité sans précédent. Ce naturalisme qui rend toutes les nuances de la douleur en a fait un excellent peintre de scènes dramatiques. Il est considéré comme l’un des pionniers de l’individualisation, car ses personnages cessent d’être des archétypes rigides pour incarner de vraies personnes aux attitudes diversifiées et aux expressions pleines de vie.
Les opportunités d’acquérir un dessin ancien de cette qualité sont excessivement rares. Dans les musées publics belges, le nombre de feuilles de cette période et dans un si bon état de conservation se compte sur les doigts d’une main ! Le musée M. l’exposera en juin dans sa nouvelle présentation permanente. Il sera le clou d’une salle dédiée au thème de la Passion aux XVe et XVIe siècles. Il sera ensuite présenté par roulement pour garantir sa conservation.
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Dessin d’un primitif flamand
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°772 du 1 février 2024, avec le titre suivant : Dessin d’un primitif flamand