TELLO / IRAK
Le palais royal de la cité sumérienne de Girsu était considéré comme définitivement perdu suite aux nombreux pillages.
Des archéologues ont découvert les vestiges d'un palais vieux de 4 500 ans dans l'ancienne cité sumérienne de Girsu, aujourd’hui Tello, dans le sud de l'Irak. Les chercheurs du projet Girsu ont utilisé la photographie par drone pour identifier les vestiges souterrains de ce grand complexe situé au sein du « quartier des scribes », également appelé « colline des tablettes » du fait du grand nombre de tablettes sumériennes exhumées sur place. Le site avait été endommagé par des fouilles clandestines au XIXe siècle et par des conflits au XXe siècle.
Lors d'une conférence de presse tenue à l'ambassade d'Irak à Londres, Girsu a été décrit comme le « berceau de la civilisation » et l'un des sites patrimoniaux les plus importants du monde. Cela est dû au fait que Girsu est l'une des plus anciennes villes connues. Les Sumériens, l'une des premières civilisations du monde antique, sont connus pour avoir inventé l'écriture et établi entre 3500 et 2000 avant notre ère, au cœur des vallées fertiles du Tigre et de l'Euphrate, les premières villes et les premiers codes de loi. La civilisation sumérienne était organisée autour de cité-États, qui chacune possédait leur dieu tutélaire. Celle de Girsu convoquait Ningirsu, dieu des cultures et des orages.
Cette découverte a été réalisée dans le cadre d'une initiative conjointe entre le State Board of Antiquities and Heritage d'Irak et le British Museum, avec le financement du J. Paul Getty Trust and Museum. Lors de la conférence de presse le français Sébastien Rey, directeur du projet Girsu, a précisé que les fouilles avaient été effectuées sur près de 2 000 m² environ au cœur de l'enceinte sacrée de Girsu. À l’intérieur se trouvent le temple de Ningirsu contenant le sanctuaire principal du dieu ainsi qu’un petit temple dédié à son épouse la déesse Bau, et le Palais des rois de Girsu, considéré pendant longtemps comme définitivement perdu, dispersé par les multitudes de pillages qu’a connu le site aux XXe et XXIe siècles. « J'ai toujours pensé, explique l’archéologue, [que] si vous aviez un ensemble de nouveaux outils et une nouvelle technologie, vous pouviez revenir à ces fouilles endommagées du XIXe siècle ».
L'automne dernier des murs en briques ont été identifiés comme les tout premiers vestiges du palais. Plus de 200 tablettes avec une écriture sumérienne ancienne ont également été découvertes dans des déblais rejetés lors de fouilles antérieures au cours du XIXe siècle. Les tablettes, qui décrivent les documents administratifs de Girsu, ont été sauvées et transportées à Bagdad au Musée national irakien. Les archéologues ont également découvert le temple Eninnu, principal sanctuaire du dieu Ningirsu et l'un des plus importants de la région de Mésopotamie. Avant sa récente découverte, le temple n'était connu que par d'anciennes inscriptions trouvées sur le site du chantier il y a 140 ans.
Girsu était un centre culturel et économique florissant à l’époque sumérienne. Le site a été découvert à la fin du XIXe siècle par des archéologues français sous la direction d’Ernest de Sarzec, alors consul de Bassorah, deuxième plus grande ville du pays après Bagdad. Les archéologues ont mené plusieurs campagnes de fouilles jusque dans les années 1930, malgré de nombreuses interruptions. Les travaux des missions françaises ont révélé l'existence et l'importance de la civilisation sumérienne en mettant au jour des monuments et des objets d'art comme la Stèle des Vautours du Louvre, la plus ancienne stèle aujourd’hui conservée (3e millénaire avant J.-C.).
Il a fallu à Sébastien Rey et son équipe huit saisons de fouilles pour découvrir entièrement le temple. C’est seulement à la fin de la saison 2022 qu’ils ont découvert les premiers murs en terre du palais de la ville antique, la « pointe de l'iceberg ». L’archéologue a ajouté que l'équipe se rendrait de nouveau dans la zone du palais à son retour en Irak, début mars.
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Des archéologues découvrent en Irak les vestiges d'un palais disparu de 4 500 ans
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