Archéologie

Découverte d’une Vénus antique à Rennes

Par Alexandre Clappe · lejournaldesarts.fr

Le 15 mars 2023 - 426 mots

RENNES

Une statuette représentant la déesse a été mise au jour dans une carrière de pierre près de l’ancienne ville antique de Condate.

Petite statuette de Vénus anadyomène, d’époque gallo-romaine, découverte sur le site de Condate près de Rennes. © Emmanuelle Collado, Inrap
Petite statuette de Vénus anadyomène, d’époque gallo-romaine, découverte sur le site de Condate près de Rennes.
© Emmanuelle Collado / Inrap

Depuis janvier, une équipe de l'Inrap met au jour une antique carrière d’extraction de schiste à quelques dizaines de mètres de Condate l’ancienne cité gallo-romaine à l’origine de la ville de Rennes (Ille-et-Vilaine). Ces fouilles servent à documenter l'édification de la ville, au Ier siècle de notre ère. C’est au fond de cette cuvette que les archéologues ont eu la surprise de trouver, dans un remarquable état de conservation, une statuette représentant Vénus, la déesse de l’amour.

Cette petite figurine en terre cuite, haute d’une dizaine de centimètres, représente la déesse anadyomène (sortant des eaux) entièrement nue, portant un tissu à la main gauche et tenant sa main droite dans ses cheveux noués par un ruban. « Elle se trouvait sur la couche la plus ancienne du site, et paraît avoir été déposée intentionnellement au fond de la carrière, raconte au Figaro Nicolas Ménez, responsable scientifique du champ de fouilles. Est-ce qu'elle s'est retrouvée à cet endroit au cours de l'exploitation du site, ou après ? Nous ne le savons pas encore ».

Façonnée dans une argile particulière, probablement en Bourgogne, la Vénus de Condate devait appartenir à un laraire, un autel domestique où l’on vénérait les divinités protectrices du foyer, les lares. Elle serait datée de la fin du Ier siècle ou du début du IIe siècle, comme en atteste l’ornementation de sa coiffure, que l’on retrouve sur des monnaies, des sculptures ou des fresques de l’époque. La figurine sera nettoyée et étudiée par la suite, afin de trouver des traces éventuelles de pigments qui détermineront si elle était peinte.

D'ici là, les archéologues de l'Inrap vont continuer leurs fouilles de la carrière antique jusqu'à la fin du mois de mars. Les Romains y exploitaient le schiste, une pierre tendre et friable aux propriétés drainantes, pour façonner les soubassements des rues et des bâtiments, et servir de mortier.

La fouille préventive a été organisée en amont d'un projet de construction d’une résidence sénior. Elle s’étend sur une surface de 3 250 m2 mais les chercheurs estiment que l'ancienne carrière s'étendait sur une aire plus vaste encore. Située à la périphérie de la ville, elle s’est transformée en dépotoir une fois abandonnée, livrant aujourd’hui quantité de vestiges de Condate, dont plusieurs kilos de fragments de vaisselle en céramique, des fragments d'une statuette d’une déesse mère du néolithique et quelques monnaies comme un sesterce frappé du profil de l’empereur romain Trajan, décédé en 117 après J.-C.
 

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