BOULOGNE-SUR-MER
Œuvre d’un architecte amateur au XIXe siècle, ce symbole du paysage boulonnais souffre de multiples défauts de construction. Une vaste campagne de restauration lui donnera bientôt l’équilibre dont il manquait dès l’origine.
Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). C’est une restauration attendue de longue date par les Boulonnais qui a débuté en juillet 2020. Le dôme de la basilique Notre-Dame-de-l’Immaculée-Conception est désormais entre les mains des restaurateurs, paré d’un échafaudage géant à la mesure de l’édifice. Mais ce chantier de restauration aux dimensions monumentales – et au budget très important pour une municipalité de 40 000 habitants (7 millions d’euros) – n’est que le dernier chapitre d’une série ininterrompue de travaux, depuis l’achèvement de la basilique en 1863. « Ça révèle quelque part une église mal bâtie », explique Véronique Tonnel-Novak, attachée de conservation du patrimoine à la Ville de Boulogne-sur-Mer.
La basilique doit sa fragilité structurelle à sa genèse. Son constructeur, l’abbé Haffreingue, n’était ni architecte ni ingénieur. Ce qui ne l’a pas empêché d’élever 95 % du bâti de cette église, posée sur les ruines de l’ancienne cathédrale rasée à la Révolution. À mesure que les dons affluent pour financer la reconstruction, le projet de l’abbé prend de l’ampleur et de la hauteur avec l’édification d’une nef, non prévue au début du chantier, et d’un dôme qui s’inspire de ceux des Invalides, de Saint-Paul de Londres et de Saint-Pierre de Rome, et tutoie les 100 mètres de haut.
Dès les premières années suivant l’inauguration, l’amateurisme de l’abbé bâtisseur a des conséquences sur le bâtiment, et le lanternon à la croisée du transept est déposé pour soulager la structure. En 1921, ce sont les voûtes de la nef qui s’effondrent entièrement. Par mesure de précaution, le dôme est entouré de six ceintures de béton afin de stabiliser le monument. Cette intervention, qui a certainement sauvé l’édifice, rend aujourd’hui sa restauration particulièrement complexe. Car les interventions portent sur le bâti originel (163 mètres cubes de pierres sont remplacés), mais aussi sur les ouvrages en béton, dont les structures en fer ont gonflé.
Deux entreprises principales interviennent ainsi sur le gros œuvre : Chevalier Nord, spécialiste de la restauration en pierre, avec, en sous-traitance, Freyssinet France, spécialiste de la restauration du béton. La restauration des verrières et des fresques intérieures qui ont été abîmées par les sels accompagne cette stabilisation de la structure.
Symbole du paysage de la ville, et dernière expression d’un culte marial propre à la Côte d’Opale, la basilique est adoptée par les Boulonnais malgré tout ses défauts. « L’intention de l’abbé Haffreingue est vraiment exceptionnelle, souligne Véronique Tonnel-Novak, c’était une mission qu’il devait accomplir. » Le chantier en cours, qui s’achèvera en 2022, devrait pérenniser la basilique sur plusieurs décennies, dans le respect de son dessin originel. L’ajout de couvertures en plomb, pour protéger les pierres soumises aux vents marins, constitue la seule modification observable. « On garde le maximum de l’édifice originel, explique l’attachée de conservation, sachant qu’il a déjà été transformé avec l’ajout des cerclages en béton. »
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À Boulogne-sur-Mer, la basilique trouve enfin une certaine stabilité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°563 du 19 mars 2021, avec le titre suivant : À Boulogne-sur-Mer, la basilique trouve enfin une certaine stabilité