BESANCON
Entièrement rénové, le musée rouvrira ses portes le 16 novembre, au terme de travaux qui visent à harmoniser trois siècles d’architectures et augmenter les espaces.
Besançon (Doubs). Sur la place du marché de Besançon, les engins de chantier quittent progressivement le Musée des beaux-arts et d’archéologie (MBAA), laissant place aux camions venus livrer le mobilier muséographique. « Nous commencerons à installer les œuvres à la mi-mai », indique Nicolas Surlapierre, conservateur chargé des Musées du centre (lire l’encadré ci-dessous) et directeur du MBAA. Fermé au public depuis 2014, le musée bisontin a bénéficié d’une rénovation en profondeur afin de révéler, selon les mots de son directeur, un « musée d’architectures »,à cheval sur trois siècles.
De l’extérieur, l’ancienne halle aux blés conserve ses façades néopalladiennes en pierre de taille typiques d’un certain académisme du XIXe siècle. Ce bâtiment en forme de quadrilatère ouvrant sur une cour intérieure est l’œuvre de Pierre Marnotte (1797-1882), inaugurée en 1843. Entre-temps, après dix-neuf années de chantier, le négoce du blé s’est déporté sur Dijon et Strasbourg. Les salles d’exposition prévues au premier étage pour les collections d’art municipales gagnent du coup en surface et des galeries sont ajoutées au fur et à mesure des donations et des décennies : la halle devient musée.
Gagner des espaces supplémentaires
Dans les années 1960, pour accueillir les œuvres de la collection Adèle et George Besson (112 peintures et 212 œuvres d’art graphiques), la Ville cherche à agrandir le musée. Proposé à Le Corbusier, le projet sera finalement porté par l’architecte Louis Miquel (1913-1986). Entre 1967 et 1970, l’ancien élève de Le Corbusier conçoit une structure autoportée en béton brut dans la cour intérieure, axée autour d’une rampe ascensionnelle rectiligne qui joue avec les volumes et les espaces, et reliée à l’architecture XIXe par des passerelles. Miquel se frotte à la muséologie, proposant un parcours aux multiples regards et entrées dans l’histoire de l’art et l’archéologie. « À part les photographies d’époque, nous n’avons eu que peu d’archives de l’architecture de Miquel sur lesquels nous fonder », souligne Adelfo Scaranello, le troisième architecte à se confronter au bâtiment bisontin.
Depuis 1970, la vision de Miquel s’est vue contrariée afin de créer de nouveaux espaces, d’enrichir le parcours ou de répondre aux nouvelles normes muséales. En 2010, la Ville décide de lancer le projet de rénovation. Il faut d’abord trouver de l’espace supplémentaire dans le musée. Décision est prise de construire des réserves externalisées et de sortir les espaces administratifs du bâtiment, pour n’y laisser que les œuvres. En 2011, le cabinet Architectures A. Scaranello (Besançon) est choisi pour mener à bien le projet. Adelfo Scaranello, natif de Besançon, décide de concentrer ses efforts sur la toiture et la lumière. « Le toit est une cinquième façade, explique-t-il. Mon travail à l’intérieur n’a consisté qu’à enlever les scories du temps et relier les nouveaux espaces aux anciens. » Dans les espaces XIXe, il amène la lumière naturelle en créant des puits de lumière, et fait réagir le béton brut du XXe siècle avec les jeux démultipliés d’un éclairage à la fois zénithal, rasant, diffus. Sous un soleil printanier, le résultat est saisissant, rendant chaleureux ces espaces de pierre, de verre et de béton.
Le musée a gagné plus de 1 000 mètres carrés grâce à ces travaux, permettant de créer une salle d’exposition permanente et une salle consacrée aux arts graphiques. Doté de 6 000 œuvres sur papier, il pourra désormais présenter par roulement les dessins conservés dans ses murs. Deux salles de pratique artistique, une salle de conférences et un espace multimédia viennent compléter l’offre culturelle du MBAA.
Le chantier du musée et de ses réserves aura coûté 15 millions d’euros TTC. « Nous avons la volonté d’être une capitale culturelle », explique Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon depuis 2001. Pour Nicolas Surlapierre, il s’agit de « faire reconnaître les collections du musée au-delà des spécialistes ». En attendant d’être accrochées ou installées, ces collections ont fait l’objet d’une vaste campagne de restauration, avec 1 000 œuvres passées entre les mains de restaurateurs d’art depuis 2011.
Le 19 mai, lors de la Nuit des musées, le musée rebaptisé pour l’occasion « le vaisseau fantôme » sera ouvert aux visites avant de retrouver ses collections.
Équipements. Avec cinq institutions labellisées « Musée de France », le parcours culturel dans la ville de Besançon est riche et foisonnant. Pour gérer ses musées, la Ville a institué deux directions distinctes. Les « Musées du centre » regroupent le Musée des beaux-arts et d’archéologie et le Musée du Temps, ce dernier ayant ouvert en 2002. Au sein de la citadelle Vauban, dont la ville est propriétaire depuis 1960, le Musée comtois, le Muséum et le Musée de la Résistance et de la déportation sont gérés par une direction spécifique. Le Musée de la Résistance et de la déportation, inauguré en 1971 à l’initiative de Denise Lorach, ancienne déportée, contient un centre de ressources abritant des fonds d’intérêt national, tel celui de Germaine Tillion. « Ce sera le prochain chantier muséal de Besançon, confie le maire, Jean-Louis Fousseret. Il conclura le cycle de rénovation de tous les musées depuis les années 2000. » Il faut encore ajouter au parcours la Maison natale de Victor Hugo et le bâtiment de Kengo Kuma abritant une partie des collections du Frac (Fonds régional d’art contemporain) Franche-Comté, tous deux inaugurés en 2013.
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Besançon peaufine son musée de beaux-arts et d’archéologie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°501 du 11 mai 2018, avec le titre suivant : Besançon peaufine son musée de beaux-arts et d’archéologie