BELGIQUE
Sans fanfare ni couronnes, une petite révolution a frappé les institutions culturelles restées nationales en Belgique. Les trois grands musées bruxellois de l’État – les Musées royaux d’art et d’histoire, le Musée des sciences naturelles, les Musées royaux des beaux-arts de Belgique – ainsi que le Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren, en bordure de la capitale mais en territoire flamand, sont devenus payants.
BRUXELLES (de notre correspondant). Cette décision n’a pas été prise à l’unanimité. Certains conservateurs déplorent l’abandon de la gratuité, inscrite dans un projet d’éducation permanente dont le monde socialiste avait fait son cheval de bataille. Ironie du sort, la décision d’instaurer un paiement incombe à un ministre socialiste qui entend ainsi à la fois défendre l’image des musées nationaux et régler, en passant, quelques arbitrages budgétaires… épineux. Pour beaucoup de responsables culturels, l’exigence d’un droit d’entrée valorise le patrimoine des musées aux yeux des touristes qui constituent le gros du bataillon des visiteurs. Pour la fixation des tarifs, la raison a primé. Le tarif plein évolue selon les institutions de 100 à 150 francs belges (16,50 à 25 francs français), et la palette des réductions est suffisamment large pour ne léser aucune catégorie.
Subventions en baisse
On regrettera pourtant que la gratuité n’ait pas été maintenue pour les étudiants des écoles d’art et des instituts d’histoire de l’art. Leur fréquentation du musée devant être quotidienne, ils seront au nombre des victimes de la réforme. Et ceux qui la dénoncent y voient une éclatante remise en cause de la mission d’éducation du musée.
Les ressources espérées serviraient à contrebalancer des coupes budgétaires importantes. Celles-ci se chiffreraient à quelque 25 millions de francs belges (4,1 millions de francs français), dont les quatre cinquièmes seraient supportés par l’institution la plus visitée, les Musées royaux des beaux-arts de Belgique. On pourra s’étonner d’une telle ventilation. Pourquoi le Musée des beaux-arts supporte-t-il à lui seul l’essentiel de la charge alors qu’il a déjà vu son personnel diminuer de plus de moitié en près de dix ans ?
Du côté de l’État, on laisse entendre que le nombre de visiteurs affiché par chacune des institutions concernées, même revu de moitié, permettra de dépasser largement le montant de la subvention retranchée. Du côté des institutions, le silence reste de mise tant le pari semble précaire.
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Belgique : la gratuité s’étiole
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : Belgique : la gratuité s’étiole