Avec le redéploiement des tableaux italiens des XVIIe et XVIIIe siècles, et de l’ensemble de la peinture espagnole dans la continuité de la Grande galerie, le Louvre expose dorénavant 800 œuvres au premier étage de l’aile Denon. À l’occasion de cette extension, un nouvel accès au musée a été ouvert, la porte des Lions.
PARIS - Après quatre ans de travaux, un espace ambivalent vient d’ouvrir au Louvre, à la fois achèvement d’un parcours et accès au musée. Située sur le quai des Tuileries, la porte des Lions, conçue comme l’ensemble des nouveaux espaces par Yves Lyon et Alan Lewitt, déjà responsables des salles Percier et Fontaine, est une alternative utile au monopole de la pyramide. Au rez-de-chaussée, elle conduit aux collections de l’aile Denon où se trouvera prochainement la préfiguration du futur Musée des arts premiers, et, au premier étage, à la peinture espagnole. L’ensemble des 21 salles réouvertes souffre de cette situation, à la fois fin et commencement. Ainsi, l’entrée, qui se fait par une petite salle consacrée à Goya et ses contemporains, place d’emblée le spectateur à l’encontre du parcours chronologique, déroulant à partir de la Grande galerie : la peinture italienne des XVIIe et XVIIIe siècles, puis la peinture espagnole du XVe au XVIIIe, les petits formats étant répartis sur les côtés.
Les grands formats espagnols occupent une grande partie de l’ancienne galerie Médicis – l’autre moitié, consacrée à la peinture italienne, est isolée par deux cimaises qui sauvent le volume de la salle –, l’occasion d’exposer côte à côte les quatre panneaux du cycle de la Vie de saint Bonaventure commencé par Francisco de Herrera et achevé par Francisco Zurbarán. Côté Seine, quatre cabinets offrent un espace précieux aux petits formats, mettant en valeur un bel ensemble de primitifs espagnols et de pièces fragiles rarement montrées, telle une série de cinq portraits en miniatures attribués à Sanchez Coello. Dans un espace voisin, une douzaine d’icônes grecques et russes, dont la proximité avec la péninsule ibérique n’est pas évidente, trouvent un abri providentiel bien qu’artificiel.
Mais le grand œuvre reste l’achèvement du circuit italien. La continuité avec le XVIe siècle est assurée par la mise en perspective de la Grande galerie qui débouche dans les nouveaux espaces.
Rebaptisée salle Rosa, l’ancienne salle Van Dyck, jadis remarquable par son obscurité, bénéficie de deux fenêtres sur le jardin des Tuileries et accueille aujourd’hui les grands formats italiens du XVIIe siècle. Du Baroque romain aux écoles napolitaines, le Louvre ne manque pas de chefs-d’œuvre : de hauteur d’œil jusqu’au plafond, les tableaux sont parfois à la limite de la visibilité, d’autant que les reflets sont fréquents. Mais le nouvel accrochage permet de remettre en valeur certaines toiles autrefois desservies par leur situation. Justice est enfin rendue à l’Assomption de la Vierge de Giambattista Piazzetta, longtemps restée dans l’ombre des Noces de Cana ; elle est aujourd’hui au centre de la moitié est du pavillon des Sessions, consacrée aux grands formats du XVIIIe siècle.
Réparties selon les foyers de création, les petites peintures trouvent place dans des cabinets qui encadrent la salle des Sessions : XVIIe côté Seine, XVIIIe côté Tuileries. Les découvertes abondent dans ces espaces : en tout, près de 120 œuvres “inédites” sorties des réserves, ou reçues récemment en donation – Lemme, Kaufmann, Schlateger – comme le Christ porté par les anges de Francesco Trevisiani, ou encore entrées par acquisition, tel le caravagesque Sommeil de saint Pierre par Antonio Petrini.
Si les peintures italiennes, espagnoles et françaises sont aujourd’hui complètement déployées dans le musée, la fin du circuit des écoles du Nord, dont l’aménagement est d’ores et déjà confié à Pei, devrait se concrétiser l’année prochaine. Le Louvre vient de fêter les dix ans de sa pyramide, mais le musée est toujours en mouvement : de nombreux projets, à commencer par le réaménagement de la salle des États autour de la Joconde, vont débuter, et Pierre Rosenberg, président-directeur du Louvre, promet d’“autres chantiers considérables”, comme celui de la galerie d’Apollon.
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Après la Grande galerie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°85 du 11 juin 1999, avec le titre suivant : Après la Grande galerie