Histoires de l’art

Si notre pays peut s’enorgueillir de conserver un patrimoine artistique considérable et de posséder un réseau de musées exceptionnels, il a en revanche rarement soutenu comme il le fallait la discipline qui étudie la peinture, la sculpture ou l’architecture : l’histoire de l’art. Cette dernière a peut-être été la victime collatérale d’une rivalité ancienne qui a opposé, en France, les conservateurs de musées et les universitaires. La longue gestation de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) a cependant trouvé un heureux dénouement. Entre les premières évocations de son projet, au début des années 1970, par Jacques Thuillier, sa relance dans les années 1980 par André Chastel et sa création en 2001, près de trente ans se seront écoulés. Depuis 2004, l’institut est confortablement logé dans des bâtiments situés autour de la galerie Colbert, à Paris, et aménagés par les architectes Dominique Pinon et Pascale Kaparis. Mais l’INHA attend encore sa grande bibliothèque. Cette dernière devrait s’installer, en 2013, sur 10 000 mètres carrés du quadrilatère Richelieu, actuellement en travaux, et notamment dans la salle Labrouste. Héritier de la bibliothèque d’art et d’archéologie du couturier et mécène Jacques Doucet, constituée au début du XXe siècle, cet ensemble comprend près de 1,3 million de documents. Autre serpent de mer, celui de la création d’un Capes en histoire de l’art. Celle-ci ne semble toujours pas à l’ordre du jour, même si le ministre de la Culture semble convaincu de la nécessité de l’enseignement de l’histoire de l’art à l’école.

Sensibilisé à la discipline alors qu’il était directeur de la Villa Médicis à Rome, Frédéric Mitterrand s’était entouré, dès sa nomination, d’une conseillère en charge de l’éducation et des enseignements artistiques et de l’histoire de l’art en la personne d’Annick Lemoine. Il annonce dans ce numéro (lire p. 4) la création, à Fontainebleau, des « Journées de l’histoire de l’art ». La discipline le mérite bien !