Art contemporain

Fondation Pinault : Pointe de la Douane %26 Palazzo Grassi

Deux expositions comme d’un marché

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 24 juin 2011 - 465 mots

VENISE / ITALIE

Les deux expositions de la fondation Pinault sont à l’image de la Biennale de Venise : les œuvres y sont inégales et le propos parfois difficile à suivre… Mais elles permettent de mesurer la force de l’une des plus grandes collections en mains privées.

Par-delà tout propos thématique, les deux expositions que l’on peut voir respectivement à la Pointe de la Douane (Punta della Dogana) et au Palazzo Grassi sont d’abord et avant tout le prétexte de présenter les œuvres de la collection Pinault. Intitulées ici « Éloge du doute », là « Le monde vous appartient », elles rassemblent tant des pièces historiques que des productions nouvelles dans des accrochages qui effacent le mauvais souvenir que l’on avait des prestations passées.  Caroline Bourgeois, qui en a doublement dirigé la mise en place, dit avoir cherché ici à réunir des œuvres « autour de l’idée du trouble, de la remise en question des certitudes sur l’identité, sur le rapport à l’espace de l’intime et à l’espace de l’œuvre », là à faire valoir « l’absence de centre » de notre époque en soulignant « le métissage, le mélange et les influences croisées » de la création artistique contemporaine.
Vieilles antiennes, pensera-t-on ! Certes, mais l’intérêt est de les illustrer ici et là à travers les œuvres d’une seule collection, ce qui relève d’un exercice éminemment contraignant. Ce n’est donc pas globalement mais au coup par coup qu’il faut appréhender chacune de ces expositions, d’autant que la scénographie de l’une comme de l’autre soigne davantage l’individu que le groupe en consacrant à chacun des artistes un espace propre. Aussi y a-t-il de beaux moments comme de plus faibles.  

Parcours chaotiques
À la Punta della Dogana, on ne manquera pas les monumentaux tableaux graphiques de Julie Mehretu et les étonnantes sculptures de Thomas Houseago, tout comme celles de Paul McCarthy. En revanche, on évitera Jeff Koons. Si on regrette que les « Specific Objects » de Donald Judd disparaissent visuellement dans l’appareil de brique du bâtiment, on se consolera en se penchant à travers la fenêtre du claque d’Edward Kienholz, Roxys (1962), qui est un pur chef-d’œuvre d’installation. 
Au Palazzo Grassi, on trouvera festive l’installation aux peluches envahissantes de Vasconcelos, troublantes les saynètes peintes par Jonathan Wateridge et cinglante l’inscription aux manches de couteaux colorés de Farhad Moshiri sur la beauté de la vie. On déplorera que les peintures de Philippe Perrot – enfin un Français ! – ne disposent pas de l’espace qu’elles méritent, mais on se consolera en s’abandonnant au plaisir sans fin de « respirer l’ombre » de Giuseppe Penone.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°637 du 1 juillet 2011, avec le titre suivant : Deux expositions comme d’un marché

Tous les articles dans Création

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque