Oehlen, la peinture à l’allemande

Pour cet ancien élève de Sigmar Polke, passé par la case « Bad Painting » dans les années 1980, la peinture se décline depuis les années 1990 en mode abstrait. Une abstraction dont la filiation esthétique avec l’expressionniste abstrait Willem De Kooning frappe comme une évidence. Et pourtant, Oehlen l’avoue dans l’entretien publié dans le catalogue de l’exposition : « J’ai travaillé sans regarder De Kooning et maintenant je m’aperçois qu’il a fait tout ce que je suis en train de faire… C’est l’artiste le plus intéressant à l’heure actuelle. »

Est-ce dans la façon d’affirmer des bribes figuratives au sein de compositions abstraites dignes de l’Action Painting ? Ou dans cette manière de peindre qui articule une spontanéité tout en coulures à des gestes d’une maîtrise presque rigide ? Si Oehlen ne le cite pas, il est bien l’héritier spirituel de De Kooning. Depuis ses Computer Paintings des années 2000 aux coloris survitaminés et télescopages visuels jusqu’au groupe de Peintures grises réalisées entre 1998 et 2008 et ses récentes Finger Malerei – ses « peintures au doigt » –, Oehlen essaye et se défie en permanence. Fonctionnant par série, sa pratique détricote systématiquement les logiques précédemment adoptées. Pour ne jamais rester tranquille.