Gérard Lhéritier - La passion à la lettre

Il a décidé de prendre la vie du bon côté. Lorsqu’il évoque ses années de jeunesse dans l’armée, puis son passage dans les assurances, il avoue avoir trouvé cela « amusant ». Lorsqu’il évoque Aristophil, la société qu’il a fondée il y a vingt ans, qui achète, expertise et commercialise des lettres et manuscrits, c’est pour rappeler qu’il fait partie de ceux qui ont la chance de faire de leur passion leur métier. Après avoir découvert tout à fait par hasard l’existence des ballons montés, ces lettres envoyées par ballons lors du siège de Paris, il se met à collectionner les lettres et manuscrits de gens célèbres.

Fort d’une collection impressionnante, il ouvre en 2004 le premier musée des Lettres et Manuscrits, qui vient de se réinstaller dans de superbes locaux, 222, boulevard Saint-Germain, à Paris [lire L’œil n° 624]. Grâce à un réseau solide de marchands et à une présence assidue dans les salles de ventes, Gérard Lhéritier a accumulé de véritables trésors, parmi lesquels les calculs d’Einstein sur la relativité générale, le testament politique de Louis XVI, les deux manifestes du surréalisme d’André Breton, des lettres de Napoléon... Certes, il regrette encore amèrement le codex Hammer de Léonard de Vinci, acheté en 2003 pour 30 millions de dollars par un certain… Bill Gates. Mais peu importe, il continue de parcourir le monde pour trouver d’autres perles, qui seront abritées à Bruxelles, où il ouvrira son second musée en mai 2011.