ATHÈNES / GRÈCE
La capitale grecque voit son image de ville musée, conservatoire du Parthénon, évoluer pour l’image plus large de ville de musées. Elle est ainsi devenue un passage obligé pour les amateurs du genre, avant de filer vers les îles et le farniente.
En plein été, les sites archéologiques athéniens sont difficilement fréquentables en dehors des heures fraîches de la matinée. Alors pourquoi ne pas leur préférer les nombreux musées de la ville, encore souvent délaissés par les circuits touristiques classiques ? De quoi y trouver un peu de calme et de fraîcheur, tout en satisfaisant sa curiosité…
Une offre importante de musées archéologiques
Longtemps assis sur leurs lauriers archéologiques, les Athéniens ont en effet fini par comprendre que les vestiges ne suffisaient plus à maintenir leur position sur l’échiquier des destinations touristiques européennes. L’ouverture, longtemps repoussée, du nouveau musée de l’Acropole, conjonction d’un projet politique – il est censé servir d’écrin aux frises du Parthénon encore en large partie conservées par les Britanniques – et culturel, a sur ce point contribué à modifier l’image de la capitale grecque.
Car avec cet équipement de haut niveau, qui permet de renforcer l’offre de visites au pied du Parthénon, Athènes accède enfin au statut de ville de musées susceptible d’attirer un nouveau tourisme culturel, à l’égal des grandes capitales européennes. Conciliant une architecture forte – sans être spectaculaire – avec un parcours muséographique de grande qualité, le nouveau musée vaut à lui seul un séjour à Athènes.
Mais se limiter à ce seul établissement serait une erreur car la capitale grecque est dotée de nombreux autres musées qui méritent la visite. Avec plus de dix établissements, dont la plupart proposent des documents d’accompagnement en anglais voire en français, l’offre peut même sembler foisonnante. L’amateur de musées pourra donc s’en donner à cœur joie d’autant que la circulation dans Athènes s’est améliorée depuis les Jeux olympiques de 2004 grâce, notamment, à la construction de nouvelles lignes de métro qui permettent d’éviter les homériques embouteillages de la ville.
Musées de civilisation, ambiance surannée garantie
Si l’archéologie demeure le sujet principal de ces musées, l’histoire, l’art et les traditions populaires grecques se taillent aussi la part belle. Ainsi la Galerie municipale d’Athènes, installée dans un ancien hôpital à proximité de la place Omonia, ne réunit ainsi pas moins de deux mille cinq cents œuvres d’artistes grecs alors que le musée Kanellopoulos, dans le quartier de Plaka, est consacré lui aussi à l’art grec de la Préhistoire à nos jours.
Il faut toutefois bien admettre que tous ces musées ne sont pas du même niveau et il faudra au visiteur arbitrer en fonction de ses goûts. Et hormis quelques notables exceptions – le nouveau musée de l’Acropole, le Musée archéologique national et le Musée byzantin –, la muséographie y reste encore bien souvent datée. Ainsi de ces salles déroutantes évoquant la vie quotidienne des Grecs durant l’Antiquité, proposées au dernier étage du musée d’Art cycladique.
Le parti pris ne gâche en rien la qualité des œuvres exposées dans cet établissement qui conserve l’une des plus importantes collections de sculptures préhelléniques, réunie par la famille Goulandris. De quoi conférer un charme suranné à ces musées dans lesquels il faut partir à la recherche des chefs-d’œuvre noyés dans des collections souvent pléthoriques…
Mais plutôt que de se disperser, l’amateur pourra se contenter de flâner dans les établissements regroupés autour de l’avenue Vassilissis Sofias, un petit quartier de musées accessible en métro, à un jet de pierre du musée de l’Acropole et du fourmillant et faussement pittoresque quartier de Plaka. Si cette grande artère bruyante, proche de l’ancien palais royal, manque sensiblement de charme, elle conduit, en marchant quelques minutes, jusqu’à la déroutante Pinacothèque nationale où l’on peut voir les rares tableaux anciens occidentaux d’Athènes ainsi que quatre tableaux du Greco, dans un parcours chronologique dominé par la peinture grecque. À quelques centaines de mètres, la villa Ilissia abrite le Musée byzantin. Ce dernier, dont la scénographie a été entièrement repensée, est aujourd’hui l’un des plus beaux établissements de la ville. Une visite qui pourra être ponctuée par une pause dans le parc culturel de 40 000 m² situé en contrebas du musée, qui jouxte le lycée d’Aristote, jadis situé sur les rives du fleuve Ilissos aujourd’hui couvert. Ce parc devrait bientôt faire l’objet d’aménagements complémentaires pour renforcer son caractère culturel.
Un peu plus loin, entre le quartier de Kolonaki, au pied de la colline du Lycabette, et le Jardin national, les musées Benaki et d’Art cycladique sont également des incontournables.
La timide percée des institutions (privées) d’art contemporain
Depuis peu, l’art contemporain a fait une timide percée dans le monde des musées grecs, très longtemps focalisés sur leur histoire nationale et leur passé hellène. La plupart, à l’exception du Musée national d’art contemporain, ouvert dans une ancienne brasserie, sont d’initiative privée : ainsi du musée Frissiras, qui présente une importante collection européenne d’après-guerre, et de la Fondation Deste. Celle-ci a été créée en 1983 par le promoteur immobilier et médiatique collectionneur Dakis Joannou. Elle réunit les stars du marché de l’art international (Koons, Murakami, Cattelan, Mac Carthy…), dont une vingtaine d’œuvres ont été exposées en 2005 à Paris, au Palais de Tokyo.
Installée depuis 2003 dans une ancienne usine du quartier industriel de Nea Ionia (dans une banlieue au nord de la ville, à une vingtaine de minutes du centre d’Athènes par le train), son ouverture a permis aux Grecs de se frotter à l’art contemporain international. Un ovni dans Athènes la classique.
Musée archéologique national
Le plus ancien musée national grec, ouvert en 1889, réunit l’un des plus importants ensembles archéologiques grecs, de la Préhistoire à l’Antiquité romaine. Parmi les chefs-d’œuvre se trouvent les fresques minoennes de Théra (Santorin) mais aussi une collection majeure de sculptures, permettant de balayer l’évolution du genre, des kouroi au Diadumène de Polyclète. Prévoir au moins une demi-journée de visite pour parcourir cet établissement incontournable au parcours récemment rénové. http://odysseus.culture.gr
Musée Benaki
Ce musée privé a été créé en 1931 dans la demeure familiale d’un membre fortuné de la diaspora grecque, Antonis Benakis (1873-1954), installé à Alexandrie, qui a fait don de ses collections à l’État grec en 1926. Plusieurs tranches de travaux en 2000 et 2004 ont modernisé ce musée dédié à la culture grecque, dont les collections écléctiques et pléthoriques couvrent une période allant du néolithique au XXe siècle. À noter la présence d’un agréable café restaurant panoramique en surplomb du Jardin national. www.benaki.gr
Musée de l’Acropole
C’est incontestablement le musée le plus moderne de la capitale grecque. Par son architecture tout d’abord, conçue par le Franco-Suisse Bernard Tschumi, au-dessus des fouilles des quartiers situés au pied de l’Acropole. Mais aussi par la scénographie très étudiée de son parcours, qui monte crescendo vers le saint des saints, la salle dédiée aux frises du Parthénon. Située au sommet du bâtiment, celle-ci s’ouvre sur le Parthénon et sur la ville. Émotion garantie dans ce lieu doté de tous les équipements des grands musées internationaux. www.theacropolismuseum.gr
Musée d’Art cycladique, fondation Goulandris
C’est un modeste musée au parcours tortueux, logé entre une petite villa qui accueille les expositions temporaires et un bâtiment moderne abritant sur quatre étages les riches collections permanentes de la Fondation Goulandris. Ouvert en 1986 par Dolly Goulandris après la mort de son mari, l’établissement offre à voir les quelque trois mille pièces de cette collection archéologique réunie depuis les années 1960 par le couple de collectionneurs, l’une des plus riches au monde en matière d’art cycladique (ive millénaire avant notre ère). www.cycladic.gr
Musée byzantin et chrétien
Rouvert en mai après de nouveaux travaux de réaménagement, le Musée byzantin – l’un des rares musées publics athéniens – a été créé en 1914 à l’initiative de la société d’archéologie chrétienne. Situé dans le « quartier des musées », sur l’avenue Vassilissis Sofias, dans la villa Ilissia, l’un des plus beaux bâtiments du xixe siècle d’Athènes, il a fait l’objet de plusieurs tranches d’agrandissement dont une extension souterraine. Il réunit plus de 30 000 œuvres présentées thématiquement, dont un très bel ensemble d’icônes byzantines. Le musée propose également aux visiteurs un livret édité en anglais par le ministère de la Culture qui permet de partir sur les traces de l’Athènes byzantine.
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Athènes : Entre vestiges antiques et nouveaux musées
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°626 du 1 juillet 2010, avec le titre suivant : Athènes : Entre vestiges antiques et nouveaux musées