Adel Abdessemed s’essaie à la scéno à Avignon

On croise régulièrement, ces dernières années, des plasticiens qui s’essaient à la scène, avec plus ou moins de talent : Olivier Mosset en 2012 pour le premier ballet de l’étoile Marie-Agnès Gillot, Marina Abramovic en 2013 pour le Boléro de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, Daniel Buren en 2014 pour le Daphnis et Chloé de Benjamin Millepied, présenté à l’Opéra Bastille. Et c’est sur une scène tout aussi prestigieuse, la Cour d’honneur du Festival d’Avignon, qu’Adel Abdessemed fait son entrée aux côtés d’Angelin Preljocaj. Le chorégraphe lui confie les décors de sa création Retour à Berratham, une « tragédie épique contemporaine » pour quatorze interprètes (danseurs et comédiens) commandée à l’écrivain Laurent Mauvignier à l’occasion des trente ans de la compagnie.

L’artiste franco-algérien Adel Abdessemed, protégé de François Pinault, avait marqué les esprits en 2012 avec son coup de tête de Zidane à Materazzi, bronze monumental rejouant la finale de la Coupe du monde 2006 sur le parvis du Centre Pompidou. On sait que sa pratique (semée de références érudites) se plaît à répondre à une certaine actualité et n’hésite pas à cogner fort, quitte à agacer une partie de la critique. À presque un mois de la première avignonnaise, Adel Abdessemed peaufine sa maquette. Quelques voitures calcinées surmontées d’un visage bouche grande ouverte dessiné à la pierre noire. Vestige silencieux d’un cri passé. Un tas de sacs-poubelles. Une étoile en fil de fer. On est à Berratham, un village défiguré par la guerre. Un jeune homme y revient chercher sa fiancée au milieu des « maisons qui tiennent encore ». Ruines où survit, tapie, la violence.