En écho à l’exposition du Louvre « Égyptomania », Arte propose le 17 mars une soirée thématique consacrée à l’Égypte – à celle des pharaons cette fois –, à l’égyptologie, l’archéologie, l’écriture hiéroglyphe.
Le sujet est tellement vaste et abondant qu’il déborde sur deux soirées. Le 16, ARTE diffuse à 19h30 la première partie de son riche documentaire sur le Musée du Caire, clé de voûte de la soirée thématique. La deuxième partie ouvre la soirée du 17.
On pénètre avec une certaine ferveur dans le Musée du Caire aux 100 000 objets et au million de visiteurs par an. Reconstruit en 1902, le musée a été fondé en 1863 par l’archéologue français A. Mariette Bey (il fut fait Bey, puis Pacha, par les Égyptiens pour ses mérites archéologiques). On lui doit par ailleurs l’argument et les décors d’Aïda de Verdi, composé pour l’inauguration du canal de Suez...
On admire tour à tour la fine palette d’ardoise en forme de poisson datant de 3 000 av. J.-C., la tête monumentale d’un pharaon, la finesse des bijoux, les teintes des fresques, les statues, les objets quotidiens exposés. Le travail de la caméra permet une étude détaillée des œuvres que l’on aurait grand peine à apercevoir dans la foule des visiteurs du musée.
La visite alterne avec le récit des fouilles, les photos d’époque, les planches dessinées par les archéologues qui se sont succédés sur les sites. Des images de la vie quotidienne de l’Égypte contemporaine comparées aux maquettes et personnages trouvés dans les tombes démontrent, si besoin était, l’éternité de l’Égypte et des gestes millénaires des paysans et des pêcheurs. Deux heures qui font partager pleinement les fouilles et les découvertes des archéologues.
"l’autopsie d’une momie"
La soirée se poursuit par "l’autopsie d’une momie", réalisée en 1986 au Musée Guimet de Lyon : scanner, lent déshabillage de la momie, analyses du corps par des spécialistes de toutes sortes, du médecin légiste à l’égyptologue. On ne saura rien d’elle. La momie, fidèle à sa réputation, réussira à préserver son intimité tout en accordant aux chercheurs une moisson de données scientifiques.
Un court-métrage "policier", Statues morcelées, raconte comment Jean Yoyotte, professeur au Collège de France, a suivi à la trace différents morceaux de statues égyptiennes, dispersés dans les musées du monde entier, pour les reconstituer. Ces "fouilles" dans les musées lui ont permis de remporter quelques victoires : une tête à Chicago, un corps à Copenhague, une partie à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, l’autre à Genève, une autre encore au Caire, le reste à Brooklyn. Une affaire à suivre, aussi passionnante qu’une filature policière.
Un film égyptien de Chaadi Abdelsalam, la Momie ou la mort où les heures sont comptées, est la fiction de la soirée qui se termine – il est déjà fort tard – par une docte leçon du professeur Pascal Vernus sur Champollion, les hiéroglyphes et les recherches allemandes sur la question.
Cette soirée égyptienne devrait compter parmi les belles réussites d’ARTE, une soirée dont on sort enrichi, fait rarissime à la télévision française.
Une cassette vidéo sur le Musée du Caire, basée sur le documentaire de cette soirée, éditée par ARTE, permettra à ceux qui n’auront pu rester devant le petit écran de compenser ce manquement à la télévision intelligente.
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Une soirée égypte sur ARTE
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Une soirée égypte sur ARTE