Une quête de lumière

En dépit d’une renommée certaine et de la grande qualité de son travail, Quinche, né en 1942, n’a jamais eu l’occasion d’exposer en France. Très attachée à la nature, l’œuvre va et vient sans heurt entre la représentation “classique”, souvent lyrique, et une abstraction qui procède toujours, on le sent, d’un motif réel, et non de la pure imagination. Certains arbres de Quinche évoquent tantôt des lavis de Claude Lorrain ou de Fragonard, tantôt les dessins au crayon Conté de Seurat ; ailleurs l’enchevêtrement de leurs feuillages, où le regard s’enfonce et se perd, écarte toute référence figurative, et c’est à Wols que l’on penserait, ou à Michaux. Mais il n’y a pas solution de continuité entre les uns et les autres, seulement un approfondissement, le désir d’approcher davantage le cœur du monde, dans son détail infini, qui produit une exaspération, presque un affolement du trait, et une extrême subtilisation de la couleur. Dans son commentaire, Florian Rodari montre que le principe essentiel qui, comme un feu souterrain, anime cette œuvre et en assure l’unité, est la quête de la lumière, ou plutôt du mouvement de la lumière à l’intérieur des choses (et non pas de la lumière qui simplement du ciel “tombe” sur les choses). Outre la découverte heureuse qu’il apporte, le livre est en lui-même remarquable par la clarté et l’équilibre de sa maquette, l’alternance de reproductions en noir et blanc et de vignettes en couleurs, l’inclusion, dans le corps du texte, de dessins et de courts passages “narratifs” en italique.