Les Éditions du patrimoine publient un ouvrage inédit de synthèse sur les cimetières français jusqu’ici en mal de documentation.
Qui s’intéresse aux cimetières, lieux d’inhumation régulièrement qualifiés de « musées à ciel ouvert » par les architectures et les sculptures qui les habitent, aura noté qu’il est difficile de trouver un ouvrage de synthèse sur le patrimoine funéraire français. Les livres concernant l’art des cimetières sont bien souvent des monographies attachées à un seul lieu, qui font la part belle aux cimetières parisiens, en particulier le Père Lachaise. Les Éditions du patrimoine viennent combler ce manque, en publiant le 3 novembre (deux jours après la Toussaint) un beau livre réalisé sous la direction de deux spécialistes très complémentaires : l’universitaire Régis Bertrand, auteur de nombreux livres et articles sur les sépultures et les pratiques mortuaires provençales – pas moins de seize références bibliographiques à la fin de l’ouvrage – et la conservatrice Guénola Groud, chargée de la gestion patrimoniale des cimetières de la Ville de Paris. Comme l’indique le communiqué de presse, cet ouvrage – rédigé par 32 plumes (historiens, historiens de l’art, chargés d’inventaire à la Direction Régionale des affaires culturelles, anthropologues, juristes…) – se targue de donner « une vision d’ensemble du sujet ».
Les tombes sous tous les angles
Ce livre déroule en effet les grands axes qui font du cimetière un élément tout à fait singulier dans le paysage patrimonial. Les tombeaux sont directement tributaires de toute une législation funéraire, d’exigences de salubrité, d’enjeux urbanistiques, de cultes rendus aux morts selon les confessions que le premier chapitre, parfois assez ardu, développe chrono-thématiquement, essai après essai. Le deuxième chapitre fait figure d’étude de cas. S’il ne traite pas tous les cimetières tapissant le territoire français – « beaucoup de cimetières n’ont pas encore fait l’objet d’études historiques », déplore Régis Bertrand – il passe en revue treize cimetières (La Madeleine à Amiens, Loyasse à Lyon, Terre-Cabade à Toulouse…) ou groupements géographiques de cimetières (bretons, corses, antillais…) au profil historique marqué pour en énoncer les caractéristiques. Le troisième chapitre, le plus artistique, s’intéresse notamment à tout le vocabulaire des monuments funéraires, de la chapelle néogothique que les cimetières déclinent ad nauseam aux gisants d’hommes politiques en passant par les différents types d’inscriptions décorant les tombes.
L’ouvrage, magnifiquement illustré par les tirages du photographe d’architecture Pascal Lemaître, n’élude évidemment pas les questions de conservation, particulièrement complexes dans le cas du patrimoine funéraire (lire JdA n° 399, du 18 octobre 2013), malmené par ce qui en fait sa beauté : la végétation, qu’il convient de protéger comme faisant partie intégrante du lieu, mais aussi l’action humaine sur lequel la collectivité n’a que peu de prise, l’esthétique des tombes particulières ne pouvant être réglementée, et leur entretien ne pouvant être pris en charge que par les titulaires de concessions.
« La diversité des critères pour évaluer l’intérêt patrimonial d’un cimetière conduit à reconsidérer la notion même de conservation, à nuancer la pertinence de nos exigences et à intégrer comme inéluctables le travail du temps et la fonction d’usage des lieux », conclut Guenola Groud, tout en appelant de ses vœux un inventaire complet des tombeaux d’intérêt patrimonial afin de favoriser, en cas de reprises de concessions, la conservation et la valorisation des tombes importantes. Le premier bilan, que constitue cet ouvrage, est sans nul doute très provisoire.
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Un panorama du patrimoine funéraire
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Abonnez-vous dès 1 €sous la direction de Régis Bertrand et de Guénola Groud, Éditions du patrimoine, collection « patrimoines en perspective », 296 p., 49 €.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°466 du 28 octobre 2016, avec le titre suivant : Un panorama du patrimoine funéraire