PARIS
La pièce de théâtre sur « Le divin Dalí dans tous ses états » déçoit par une mise en scène heurtée et un jeu sans éclat.
L’art est rare sur scène. Le Théâtre des Mathurins a le mérite d’avoir voulu le mettre en avant et de s’attaquer à un monstre sacré tel que Salvador Dalí ce qui constitue un véritable défi. Un défi d’autant plus grand à relever que le souvenir de cet artiste exubérant est encore dans la tête de beaucoup ne serait-ce que grâce aux images d’archives projetées dans les nombreuses expositions qui lui sont consacrées. La déception est à la mesure des attentes.
Du recul. Voilà ce qui a sans doute manqué à Christophe Gauzeran. S’il n’incarne pas le maître surréaliste sur les planches, il est l’auteur et metteur en scène de la pièce et joue le rôle secondaire. Voulant ressusciter un mégalomane qui se prenait pour un dieu, il se perd dans sa propre audace. Dans sa bouche, l’expression « divin Dalí » sonne d’ailleurs fausse.
En tant que comédien, le dramaturge semble avoir du mal à trouver sa place et un ton, au point de remettre en question la nature du spectacle. Sobrement intitulée « Dalí », la pièce s’annonce comme un monologue pour prendre ensuite la forme d’une interview dès que Christophe Gauzeran arrive sur scène. Et pourtant, celui-ci prononce peu de répliques.
Pour compliquer la scénographie, le personnage du journaliste se dédouble à certains moments, tantôt pour énumérer des dates, tantôt pour lire des articles de presse, tâches dont aurait pu s’acquitter une voix off. Autant de ruptures qui donnent l’impression d’assister à un colloque. Et pour cause ! Le point de départ de la pièce s’avère être une conférence donnée par le surréaliste espagnol à La Sorbonne, en 1955. Parti pris qui n’explique toujours pas la distribution : l’auteur ne pouvait-il pas se contenter d’un seul personnage et, partant, s’abstenir de monter sur scène ?
La prestation de Philippe Kieffer qui incarne Dalí manque aussi d’éclat. À un accent espagnol approximatif s’ajoute un jeu déséquilibré. Qu’on l’aime ou pas, Dalí est doté d’un fort charisme, dont l’acteur qui le joue s’avère dénué. Le comédien en fait soit trop, soit pas assez. La scène où Kieffer feint de peindre, n’apporte rien. Elle est trop courte pour exiger de l’acteur qu’il se glisse dans la peau d’un artiste, pas assez travaillée pour renseigner sur la façon dont Dalí créait. Quant à l’écran géant qui sert de toile au pseudo-excentrique, il participe à discréditer la mise en scène.
La pièce s’ouvre sur des images de rhinocéros empruntées à quelque documentaire... S’ensuivent des clichés d’archives, des reproductions de tableaux, dont la qualité laisse à désirer. Les images de moindre définition qui scandent la représentation diluent le propos, renforçant l’impression de suivre un cours magistral. Malgré un chapelet d’incohérences, la pièce donne cependant un peu envie de se replonger dans la vie et dans l’œuvre de Salvador Dalí.
Dalí, Théâtre des Mathurins, 36 rue des Mathurins, Paris, jusqu’au 19 août, texte et mise en scène Christophe Gauzeran.
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Un Dalí sans folie et sans génie au Théâtre des Mathurins
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