Depuis le colloque « Archéologie du judaïsme en France et en Europe » organisé en 2010 au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris, la prise en compte des vestiges juifs dans la recherche archéologique a avancé.
Paul Salmona, directeur du musée, avait permis avec ce colloque un bilan français de ce champ neuf de la recherche – les actes en ont été publiés en 2011 (Inrap/La Découverte). Pour les éditions du CNRS, il a dirigé cet automne une Archéologie du judaïsme en Europe qui élargit la focale, pas seulement géographique. L’ouvrage met en perspective des sites français (comme ceux du Comtat Vénaissin ou de Perpignan) avec des recherches menées en Europe du Nord et centrale, mais aussi dans la péninsule Ibérique. Une vingtaine de cas sont présentés ici, permettant de dégager des invariants dans les installations juives de l’Antiquité à la période moderne, et de constater que les minorités juives adaptent les formes de leur architecture aux contextes locaux. Les synagogues et leurs bains rituels sont les traces les plus identifiables des communautés juives fouillées par les archéologues. La recherche se poursuit désormais au-delà des bâtiments isolés, tentant de reconstituer les contours des quartiers juifs, « juiveries », « carrières » et ghettos, souvent fondus dans la trame urbaine moderne. Les fouilles du château de Lorca (Murcie, Espagne) constituent à ce titre un exemple rare où le quartier juif, abandonné au XVIe siècle, n’a pas été intégré à de nouvelles constructions.
Les cimetières juifs sont également un gisement de connaissances pour les archéologues, souvent difficilement accessibles : lorsqu’ils n’ont pas été détruits ou remployés, l’interdit religieux freine ici les recherches archéologiques. Les fouilles du cimetière d’Erfurt (Allemagne) montrent une collaboration entre autorités religieuses et archéologues, autorisant une fouille sans précédent en Europe centrale. L’intérêt de cet ouvrage est également de s’ouvrir à l’archéologie de la Shoah (avec notamment une « archéologie de surface » pour retrouver les Juifs morts à Drancy) et à la mise en valeur patrimoniale des sites archéologiques juifs, question essentielle pour l’intégration de l’histoire juive aux récits historiques français et européens.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Sur les traces européennes du judaïsme
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°623 du 15 décembre 2023, avec le titre suivant : Sur les traces européennes du judaïsme