Sebastiano Serlio architecte (1480-1554)

Sebastiano Serlio, né à Bologne vers 1480 et mort à Fontainebleau vers 1554 est avant tout connu comme un théoricien de l’architecture, un homme qui écrivit un des traités les plus en vue et les plus diffusés de son temps, sorte de Bible des règles de l’art de construire tel que l’entendaient les érudits de la Renaissance. De l’homme et de ses talents d’architecte, on savait peu de choses et l’histoire semble s’être évertuée à lui refuser cette carrière de praticien au motif que ses écrits l’avaient occupé tout entier. Justice est rétablie avec le travail colossal de Sabine Frommel, première monographie consacrée à cet artiste de la Renaissance.  L’auteur répertorie tout ce qu’on a conservé du travail en France de cet artiste qui ne fut pas un génie mais qui joua, néanmoins, un rôle clef dans l’évolution de la nouvelle architecture succédant au style gothique, et permit à des maîtres comme Philibert de L’Orme ou Pierre Lescot d’exprimer leur vision radicalement nouvelle. On lui doit donc Ancy-le-Franc, dans l’Yonne, construit pour Antoine III de Clermont-Tallard, aux alentours de 1541, remarquable pour l’homogénéité et la pureté de son style, le portail du collège de Tournon, dans l’Ardèche, le château de Roussillon dans l’Isère, la chapelle Saint-Éloi-des-Orfèvres et surtout, pour le cardinal Ippolito d’Este (celui qui amena Benvenuto Cellini à la cour de François Ier), en 1542, le château du Grand Ferrare, dans l’immédiate proximité de Fontainebleau et détruit depuis. En 1541, Serlio a été nommé
« peintre et architecte ordinaire du roi ». Cependant, aucun de ses projets n’aura l’heur de plaire au souverain. Ancy-le-Franc demeure son grand œuvre, une sorte de livre ouvert de la rencontre entre la tradition nationale française et de l’esprit italien en architecture.