Situant son champ d’investigation entre la Révolution française et la guerre de 1870, Barbara Jouves-Hann dépeint l’évolution conjointe qu’y connaissent les collectionneurs et les restaurateurs de tableaux.
Dès le XVIIIe siècle, se multiplient les amateurs – princes, aristocrates ou grands bourgeois. À leurs côtés, les restaurateurs se professionnalisent (on voit apparaître des spécialistes du rentoilage) mais continuent de répondre à des demandes peu respectueuses des œuvres comme un changement de dimensions ou une intervention iconographique consistant, par exemple, à effacer un personnage. La crise révolutionnaire fait prendre conscience de la nécessité de protéger les tableaux des différentes formes de vandalisme auxquelles ils peuvent être confrontés. Nombre d’entre eux changent de mains et de nouveaux amateurs apparaissent. À côté des grands noms (Louis La Caze, Horace His de la Salle, Léon de Laborde…), on trouve désormais sur tout le territoire français de nombreux collectionneurs, souvent réunis en sociétés, s’intéressant aussi bien aux artistes vivants qu’à ceux du passé. Pour leurs acquisitions dans les ventes aux enchères, auprès de marchands ou de brocanteurs, ils doivent consulter des experts. Les restaurateurs joueront ce rôle, à une époque où l’authenticité et l’état des œuvres deviennent prioritaires. Ils sont aussi capables de flairer la belle découverte sous des repeints et un vernis envahissants. L’histoire de la restauration de tableaux se raconte souvent en dynasties qui se perpétuent dans des ateliers. À Paris, trente-huit sont recensés en 1870 contre onze en 1803. Corollaires de l’importance désormais accordée à ce métier, les ouvrages le vulgarisant poussent certains collectionneurs à intervenir sur leurs propres tableaux ! Mais, pour la plupart, ils retirent de leurs lectures et de la fréquentation des restaurateurs une culture qui leur permet d’administrer avec intelligence leurs collections, développant une expertise qui amène certains d’entre eux à siéger dans les commissions de restauration des musées.
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Savoir conserver les œuvres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°776 du 1 juin 2024, avec le titre suivant : Savoir conserver les œuvres