La vie de Rubens est un roman : une carrière brillante, une existence de gloire et de triomphes, une peinture qui sonne comme un orchestre.
Les artistes maudits peuvent aller rejoindre les femmes trop maigres aux oubliettes de l’histoire : place au peintre diplomate, à la joyeuse entrée à Anvers, à Paris, Londres ou Madrid du gentilhomme des arts. Son cortège d’inspiratrices l’accompagne, où l’on salue, en tête, Isabelle Brandt au sourire complice et Hélène Fourment, au sublime corps de lait, Marie de Médicis, Danaé, Andromède, les Grâces dansant la ronde et Madeleine en extase. Ses paysages, trop oubliés, trouvent enfin leur place dans cette fête grâce à des reproductions d’une qualité parfaite, où ils se déploient dans de grandes doubles pages, honneur réservé d’ordinaire aux vastes compositions à personnages. Nadeije Laneyrie-Dagen, passionnée par l’histoire des représentations du corps, signe ici une magistrale monographie, où le plaisir d’écrire traduit le plaisir de peindre. Elle démonte avec beaucoup de finesse les mécanismes d’un atelier d’envergure internationale, la stratégie de conquête d’un artiste dont elle souligne la grande intelligence, le goût du faste allié à celui de la réserve. Esquisses peintes, dessins, gravures et tapisseries, retables et grands cycles : la production est immense et complexe. Pour la première fois, on a le sentiment de comprendre cette « série d’opérations où le premier résultat est toujours susceptible d’être changé et amélioré », aux antipodes de « l’inspiration romantique, profondément anachronique dans son cas » : ce que les romantiques allaient pourtant aimer chez cet artiste de la fougue, du tourbillon et de la chair.
Nadeije Laneyrie-Dagen, Rubens, Hazan, 2003, 320 p., 167 ill., 92 euros.
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Rubens
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°553 du 1 décembre 2003, avec le titre suivant : Rubens