ROMAN - Le narrateur est un con. Il le dit lui-même dans le titre de son autobiographie : Mémoires d’un vieux con.
Un con qui, à trois ans, gravait « dans la purée, à la fourchette, des Klee qui stupéfiaient [sa] famille ». Tout de même. Un con surdoué donc, qui se fera chipper par Picasso ses Demoiselles d’Orange, sans doute peintes sur le chevalet que lui avait dépanné Matisse, tableau qui deviendra sous le pinceau du Catalan le chef-d’œuvre que l’on sait. Mais peu lui importe : « Vous serez l’un des plus grands », lui avait prédit Lautrec. Il le fut bien, « devant » Matisse et Picasso selon l’aveu même de Gertrude Stein. Les madeleines de Proust ? C’est lui. Comme le cubisme qu’il a inventé après le « glissisme ». Le surréalisme ? Il en a soufflé l’idée à Breton, comme il a sifflé à Gershwin une partie de Porgy and Bess. « Je les ai tous connus, tous ! » qui « se sont contentés de suivre la voie tracée par [son] Œuvre », raconte-t-il dans ses mémoires. « Ils m’ont tout volé », tandis que lui-même volait (par accident) la vie à Trotsky, tenait tête à Hitler, à Al Capone… Dieu merci, le narrateur n’est pas l’auteur. Si le premier est assurément un con, le second, Roland Topor, est un virtuose de l’humour qui nous livrait, en 1975, ces Mémoires inventées. Un classique du genre aujourd’hui réédité chez Wombat.
Roland Topor, Mémoires d’un vieux con, Wombat, 166 p., 15 euros.
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Roland Topor - « Mémoires d’un vieux con »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°639 du 1 octobre 2011, avec le titre suivant : Roland Topor - « Mémoires d’un vieux con »