Alors que Taschen réédite la revue américaine des années 1950-1960 « Arts & Architecture », « Stream » publie son premier numéro.
« Nous coulions des jours heureux ; dommage qu’on ne nous en ait pas informés », écrivait Frédéric H. Fajardie dans Chronique d’une liquidation politique (éditions La Table Ronde, 1992). C’est absolument le genre de réflexion qui vient à l’esprit en feuilletant la collection complète du magazine américain Arts & Architecture que vient tout juste de rééditer Taschen. Soit dix ans (1945-1954), dix boîtes, 118 volumes, 6 156 pages : impressionnant ! Plus impressionnante encore, l’apparition au fil des pages de la revue fondée par John Entenza de noms de jeunes architectes qui allaient devenir célèbres : Charles Eames, Craig Ellwood, Pierre Koenig, John Lautner, Richard Neutra, Eero Saarinen, R. M. Schindler, dont les œuvres sont photographiées par Julius Shulman ou Ezra Stoller et analysées par Reyner Banham, Peter Blake, Esther McCoy ou encore Peter Yates. Oui, l’époque était heureuse et surtout d’une folle élégance, de cette élégance immortalisée par Ava Gardner, Rita Hayworth, Audrey Hepburn ou Gary Cooper et Cary Grant. L’époque où Florence et Hans Knoll faisaient les beaux jours du design et de l’architecture intérieure. Mais l’élégance de Arts & Architecture (admirablement mis en page par Herbert Matter et Alvin Lustig) ne se limitait pas à l’architecture, à l’art et au design, tant il est vrai que la musique, la politique et les affaires sociales y tenaient une large place.
Serait-ce aujourd’hui le même pari que tente l’architecte Philippe Chiambaretta en publiant, en compagnie de l’éditeur Christophe Le Gac, le premier exemplaire d’une revue annuelle sobrement intitulée Stream (en français, le « courant », le « flot »), et dont l’objectif est d’explorer les rapports et les enjeux des mondes de l’économie, de la création et de l’architecture ? Une maquette sophistiquée (signée M/M (Paris)), des collaborateurs attendus et d’autres moins (Nicolas Bourriaud, Christophe Duchatelet, Didier Fiuza Faustino, Jean-Pierre Jouyet, Rudy Ricciotti, Laurent Tixador, Xavier Veilhan), une ambition d’excellence et de mixité revendiquée, tels sont les éléments rassemblés par Chiambaretta pour faire de Stream « un outil de recherche et de réflexion ».
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
(Re)mise à flot
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°291 du 14 novembre 2008, avec le titre suivant : (Re)mise à flot