En quarante ans, l’éditeur José Alvarez n’a pas dévié de sa trajectoire : faire les livres d’art comme il a envie de les faire, avec qui il en a envie et de qualité.
« Je ne céderai jamais là-dessus », dit-il. Les deux premiers ouvrages publiés en 1979 sur Mariano Fortuny et Stanislao Lepri, l’année suivant la création des éditions, ont posé les premiers jalons de la ligne éditoriale que poursuit le programme des parutions de 2018. Les Aphorismes de Raynaud [309 p., 15 €] ramènent l’éditeur aux liens d’amitié qu’il a tissés avec l’artiste, au même titre que ceux construits avec Anselm Kiefer et Cy Twombly, sans oublier Bruno Perramant, Fabrice Hyber et Gilles Barbier. Jean-Pierre Raynaud a été l’un des premiers artistes contemporains à entrer dans le catalogue. Parmi ses aphorismes pour la première fois publiés, il en est un que l’éditeur apprécie particulièrement : « L’art n’est pas fait pour être aimé mais pour exister. » Le livre aussi. D’ailleurs, celui-ci n’a pas besoin de correspondre à une actualité. La monographie de Bruno Perramant en novembre dernier, celle de Fabrice Hyber ou de Diego Giacometti par Daniel Marchesseau – à paraître à la rentrée 2018 – ne sont pas rattachées à une exposition. L’essai Œuvres à objets de Marc Desportes (214 p., 24,50 €), brillant et érudit sur la présence de l’objet dans l’art du XXe et du XXIe siècle, non plus.
De son côté, El Greco de Pascal Amel [143 p., 19 €] n’est pas sans résonner avec l’entreprise envisagée par José Alvarez, il y a vingt-cinq ans, de réaliser une monographie sur l’illustre artiste. Le projet de l’éditeur Adam Biro l’avait stoppé net dans son élan pour, au final, voir le livre ne jamais être publié par son confrère. Les artistes du XXe et du XXIe siècle demeurent néanmoins le champ privilégié des éditions du Regard. « J’ai attendu vingt-huit ans avant de pouvoir réaliser la monographie de Cy Twombly », souligne l'éditeur. Elle est passée depuis à la postérité, comme la monographie d’Anselm Kiefer par Daniel Arasse. L’obstination est l’un des traits de caractère de José Alvarez. L’élégance des ouvrages publiés, le soin apporté aux illustrations, à leur reproduction et à l’impression, ont fait, et font toujours, la réputation de sa maison d’éditions, ses choix aussi, souvent à contre-courant des tendances dominantes.
En mai dernier, la parution en format de poche de UAM d’Arlette Barré-Despond [500 p., 29 €] a rappelé l’appétence du catalogue à rassembler les disciplines, du design et de l’architecture à la mode ou à la joaillerie. L’Union des artistes modernes (1929-1937) condense à cet égard une conviction profonde des éditions du Regard inscrite dès leur création : celle de considérer les arts décoratifs comme un art à part entière. La réédition augmentée d’Eugène Printz de Jean-Jacques Dutko [350 p., 29 €], publié pour la première fois en 1986, en est un autre exemple. En son temps, la remise en lumière des réalisations de ce grand créateur de l’entre-deux-guerres, ébéniste et décorateur de talent, n’avait pas été une évidence.
Cette année 2018 voit aussi José Alvarez signer un nouveau roman personnel chez Albin Michel, son éditeur. En septembre, la parution de son ouvrage sur François Pinault ne devrait pas passer inaperçue, pas plus que sa biographie d’Helmut Newton et de son épouse Alice Springs, alias June Brunell, programmée pour 2019. Dans les deux cas, l’admiration portée à chacun, voire l’amitié qui le lie au couple Newton-Springs, convoque l’écrivain.
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Quarante ans de Regard
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°713 du 1 juin 2018, avec le titre suivant : Quarante ans de Regard