Jamais, jusqu’à présent, les chercheurs ne s’étaient penchés sur l’impact de l’invention de la préhistoire au XIXe siècle sur l’art et la pensée, sinon dans le cadre d’études monographiques (sur Cézanne, Picasso ou Smithson), d’ouvrages de philosophie esthétique, comme celui de Jean-Paul Jouary, ou d’art contemporain (les catalogues de Pascal Pique).
C’est désormais chose faite. À l’occasion de l’exposition « Préhistoire, une énigme moderne » au Centre Pompidou [lire notre dossier sur le sujet], Maria Stavrinaki et Rémi Labrusse, deux des trois commissaires de l’événement, signent chacun un ouvrage synthétique sur le sujet : Maria Stavrinaki, Saisis par la préhistoire. Enquête sur l’art et le temps des modernes, et Rémi Labrusse, Préhistoire, l’envers du temps. Car si le catalogue de l’exposition, qu’ils ont codirigé avec Cécile Debray, la troisième commissaire, réunit de nombreuses contributions, ces deux historiens de l’art ont fait le choix de développer parallèlement leur réflexion et le fruit de leurs recherches. Comment les auteurs ont-ils délimité le champ de chacun afin que ces ouvrages ne se fassent pas concurrence ? « Nous nous sommes concentrés sur la préparation de l’exposition et avons volontairement travaillé séparément à ces livres, pour éviter justement les risques de répétition dans le ton ou la manière de penser », répond Rémi Labrusse. Si leurs ouvrages se font écho – par les thèmes et les artistes abordés, ainsi que par le souci d’enraciner la réflexion dans des problématiques contemporaines –, ils s’inscrivent chacun dans une démarche propre à son auteur, dans la continuité de ses recherches personnelles. Maria Stavrinaki, qui s’intéresse particulièrement à la question du temps et de l’écriture de l’histoire chez les artistes de la modernité, questionne avec intelligence et précision les œuvres des artistes pour proposer une lecture nouvelle de l’histoire de l’art depuis le XIXe siècle. Rémi Labrusse, dont les recherches portent sur les sources de la modernité, notamment dans ses rapports avec l’« Orient » et les arts dits « primitifs », signe un brillant livre d’histoire des idées : si celui-ci intègre certes l’art moderne dans un de ses huit chapitres, il met surtout l’accent sur la notion de préhistoire en philosophie, en littérature et en archéologie. Si bien que le lecteur curieux peut lire les deux ouvrages l’un après l’autre sans craindre les répétitions et approfondir ainsi ce champ nouveau dans l’histoire de l’art, qui sera sans doute développé dans les années à venir.
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Préhistoire à deux plumes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°724 du 1 juin 2019, avec le titre suivant : Préhistoire à deux plumes