A l’occasion du tricentenaire de sa mort, l’étude de ses voyages et de sa correspondance révèle le tempérament trempé du commissaire des fortifications.
À l’occasion du tricentenaire de sa mort, les hommages à l’ingénieur militaire se multiplient. Alors que les études se sont longtemps concentrées sur le bâti et sur son parti pris en termes de fortifications, Guillaume Monsaingeon s’intéresse au Vauban (1633-1707) de papier et étudie, au travers de deux publications, d’une part, ses voyages et d’autre part, sa correspondance. La première revient sur les pas de cet insatiable voyageur, réputé pour avoir égrainé les lieues au moyen d’une « basterne », sorte de chaise à porteurs harnachée à deux chevaux qui lui aurait permis de travailler pendant ses longues heures de trajet. Là où il passe – et Vauban ne connaît pourtant que la France des fortifications, c’est-à-dire des frontières –, l’ingénieur observe les sites, compare les modes de vie, effectue des relevés, quantifie des données grâce à des formulaires préimprimés, ancêtres du recensement moderne. En revanche, il semble ne manifester que peu d’intérêt pour la cartographie et les plans-reliefs.
Le second ouvrage révèle, pour sa part, le tempérament de l’homme. À partir d’une correspondance pléthorique de plus de 10 000 pièces, datées des années 1670 à sa mort, Guillaume Monsaingeon a procédé à une rigoureuse sélection qui lui a permis de publier près de cent cinquante lettres, présentées de manière chronologique et thématique. Leurs provenances sont diverses, du château de Bazoches (Nièvre), la propriété familiale où Vauban fut inhumé, au Service historique des armées de Vincennes (Val-de-Marne). La découverte vient toutefois de la publication de plusieurs documents inédits provenant du château de Rosanbo à Plouaret (Côtes-d’Armor), propriété de descendants de Vauban encore détenteurs de précieuses archives, jusque-là restées peu accessibles. Il en ressort un Vauban au tempérament affirmé, capable de s’emporter contre son ministre de tutelle, le secrétaire d’État à la Guerre Louvois, à qui il écrit inlassablement toutes les semaines. Le commissaire des fortifications y apparaît également proche du roi Louis XIV, avec qui il partage la passion de la guerre et de l’art de bâtir, mais qu’il tente toutefois de refréner dans ses pulsions constructives. « Sa correspondance s’apparente davantage à un laboratoire de pensées plutôt qu’à une pensée accomplie », commente Guillaume Monsaingeon. Vauban est, en effet, un impulsif, qui dicte toujours ses lettres dans l’urgence et se refusera toute sa vie à écrire le grand traité de poliorcétique et de l’art des fortifications qu’on lui demande. Sommé par le roi, il finit par rédiger un texte bref, classé « secret défense », qui ne sera publié que trente ans après sa mort et fut un succès d’édition. Mais déjà, le système Vauban était obsolète.
- Guillaume Monsaingeon, Les voyages de Vauban, 2007, éd. Parenthèses, 160 pages, 24 euros, ISBN 978-2-86364-179-8 - Vauban, un militaire très civil, Lettres, 2007, éd. Scala, 335 pages, 35 euros, ISBN 978-2-86656-385-1
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Patrimoine militaire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°258 du 27 avril 2007, avec le titre suivant : Patrimoine militaire